Ces dernières années, l’inflation en Europe est redevenue un sujet sensible, alimentant les inquiétudes des consommateurs, des gouvernements et des économistes. L’Europe a connu entre 2010 et 2020 une période d’inflation, qui s’est largement accentuée à partir de 2020. Celle-ci est visible aujourd’hui avec la hausse des prix, ainsi que les débats suscités pour en expliquer les causes, les conséquences et les mesures à prendre pour la maîtriser.
Les facteurs de l’inflation en Europe
Divers facteurs peuvent expliquer l’augmentation du taux d’inflation en Europe. La pandémie de 2020 a eu de lourds effets sur l’économie mondiale. Les pénuries de matières premières avaient ralenti le commerce et participé à la hausse des coûts de production dans de nombreux secteurs (automobile, électronique, etc). Après la pandémie, de nombreux gouvernements européens ont mis en place des politiques de relance économique. Celles-ci étaient notamment caractérisées par des dépenses publiques accrues (en France elles ont augmenté de 4% en 2021), des subventions aux entreprises et des aides directes aux ménages. Si ces mesures ont été cruciales pour stimuler l’activité économique, elles ont également largement participé à l’accroissement du taux d’inflation.
A la sortie de la pandémie, on a pu également noter une hausse dans la consommation moyenne de biens et de services, donnant lieu à une demande excédentaire. En effet, la demande de certains biens et services dépassent l’offre disponible, menant à une augmentation des prix afin d’équilibrer l’offre et la demande.
La guerre en Ukraine débutée en février 2022 a participé à une augmentation significative des prix de l’énergie. La baisse des exportations ukrainiennes impacte l’offre sur les marchés et pousse fatalement les prix à la hausse. De plus, les sanctions contre la Russie contraignent de nombreux pays à réorganiser leurs approvisionnements, ce qui représente un coût non négligeable.
Enfin, on peut également noter une baisse de la valeur nominal de l’euro, débutée en 2021 qui s’est accélérée en 2022, puisqu’elle atteint à ce moent-là la parité avec le dollar. Cette baisse de la valeur de l’euro renchérit le prix des importations, dont notamment le prix des énergies fossiles et renforce ainsi l’effet d’inflation importée.
Les impacts économiques de l’inflation
L’inflation reste un évènement économique complexe, souvent incompris. Elle a des effets significatifs sur l’économie européenne, mais ceux-ci ne sont pas toujours négatifs puisqu’ils n’impactent pas tous les secteurs de la même façon. L’augmentation des prix contribue à diminuer le pouvoir d’achat des ménages. Affectés par les variations des prix, ils tendent à se méfier des politiques étatiques qui visent à contrôler l’inflation. Après une forte envolée des prix, il est rare de voir ceux-ci revenir à leur valeur initiale.
L’inflation cause une forme de réaction en chaîne : les entreprises peuvent voir leur coût de production augmenter, due à une hausse des prix des matières premières et des salaires. Les marges bénéficiaires peuvent donc être significativement impactées, conduisant parfois à des licenciements dans le cas où les entreprises n’arrivent pas à augmenter leurs prix de vente pour compenser les coûts supplémentaires. Le coût de vie plus élevé contribue à la diminution du niveau de vie moyen et à une augmentation de la précarité au travail. Si elle n’est pas contrôlée, l’inflation peut entraîner une forte dépréciation de la monnaie nationale, ce qui encourage dans un premier temps entreprises et consommateurs à investir et dépenser plutôt qu’à épargner. Avec le temps, les banques centrales augmentent les taux d’intérêt, ce qui rend l’emprunt plus cher pour les entreprises et les consommateurs et ralentit donc la croissance économique et les investissements.
Dans l’UE, les conséquences de l’inflation s’apprécient différemment d’un pays à l’autre. D’après l’étude de 2024 menée par Statista, sur l’année 2023 en Europe, l’indice des prix à la consommation harmonisée (IPCH) était de 6,4% sur le continent. Les pays les plus impactés par l’inflation sont les pays d’Europe centrale et orientale, comme la Hongrie, la Slovaquie ou encore la République tchèque, dans lesquels on constate une inflation mensuelle moyenne supérieure à 10%. Cet état économique, s’il n’est pas contrôlé, peut engendrer des situations complexes pour les consommateurs européens, ainsi que pour le commerce. On peut penser notamment à l’Argentine dont la situation économique inquiète très largement.
Les politiques pour lutter contre l’inflation
Face à cette hausse de l’inflation, les responsables politiques européens envisagent plusieurs mesures pour y faire face. Tout d’abord, les banques centrales pourraient envisager de resserrer leur politique monétaire en augmentant les taux d’intérêt pour freiner la demande et refroidir l’inflation.
En ce qui concerne la zone Euro, pour se rapprocher du taux cible de 2%, le Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE) a décidé d’augmenter de 50 points de base ses trois taux d’intérêt directeurs à partir du 22 mars 2023. Les taux d’intérêt des opérations principales de refinancement, de la facilité de prêt marginal et de la facilité de dépôt atteindront respectivement 3,50%, 3,75% et 3%. Cette sixième hausse depuis juillet 2022 porte l’augmentation cumulée à 350 points de base, marquant un resserrement monétaire significatif.
De même, des mesures de contrôle peuvent être mises en place au niveau national. En France, face au contexte économique préoccupant depuis fin 2021, diverses mesures sont mises en œuvre pour contrer l’inflation. Trois stratégies principales sont actuellement déployées : la première correspond à la politique monétaire de la BCE, mentionnée ci-dessus. Deuxièmement, sur le plan budgétaire, le gouvernement français se concentre sur des aides ciblées pour atténuer la diminution du pouvoir d’achat, évitant ainsi une baisse plus importante. Troisièmement, le contrôle des prix est appliqué, bien que critiqué pour son impact inéquitable et ses potentielles conséquences néfastes, telles que des pénuries, une baisse de la qualité des produits et des services, et des distorsions du marché.
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