Ingérence déguisée : Musk met en jeu l’économie européenne

, par Prince Maboussou

Ingérence déguisée : Musk met en jeu l'économie européenne
©Bret Hartman / TED (Flickr)

La récente campagne médiatique menée par Elon Musk évoque des souvenirs d’une époque où les États-Unis s’immisçaient dans la politique intérieure de nombreux pays, notamment pendant la Guerre froide. En utilisant son réseau social X (anciennement Twitter) comme outil de propagande, l’entrepreneur sud-africain étend désormais son influence en Europe, au risque de fragiliser l’Union européenne.

La conquête des marchés européens

Elon Musk, fondateur de SpaceX et Tesla, n’a jamais caché son désir d’expansion mondiale. Si son soutien financier à Donald Trump a été largement médiatisé, son rôle dans l’arène internationale ne cesse de grandir. En Italie, Giorgia Meloni, présidente du Conseil des ministres d’Italie, a récemment rencontré Donald Trump à Mar-a-Lago (Floride). Selon Reuters et Libération, des discussions ont porté sur un contrat potentiel entre l’Italie et SpaceX pour des services de communication sécurisés. Bien que Meloni ait démenti ces allégations, elles illustrent l’influence croissante de Musk dans les relations internationales.

L’Italie ne suffit pas, le proche conseiller de Donald Trump aimerait l’Europe toute entière. Elle représente un défi de taille pour Elon Musk. Les législations strictes, comme celles concernant la sécurité des véhicules, freinent la commercialisation de certains de ses produits, à l’instar du Tesla Cybertruck. Ce véhicule, très populaire aux États-Unis, n’a pas obtenu d’homologation en Europe en raison, entre autres, de son non-respect des normes de sécurité pour les piétons.

Pour contourner ces obstacles, Musk soutient des partis eurosceptiques, tels que l’Alternative für Deutschland (AfD) en Allemagne. En favorisant une Europe affaiblie et divisée, il espère négocier avec des gouvernements plus conciliants, prêts à lever des réglementations restrictives en échange de promesses de soutien économique comme il l’a fait avec l’Argentine de Javier Milei. De fait, le gouvernement argentin a annoncé une rencontre en septembre dernier entre le Président et le PDG de SpaceX. Peu après l’échange, Musk a annoncé qu’il souhaite investir dans le pays à travers ses entreprises. L’Argentine est le quatrième producteur mondial de lithium, élément fondamental des batteries des véhicules électriques.

S’agissant du Groenland, une nouvelle fois le sujet des envies du 47ème Président des États-Unis, l’île dispose de réserves significatives de minéraux rares, essentiels pour les technologies développées par les entreprises de Musk, telles que les batteries pour les véhicules électriques et les composants électroniques. Outre ces minéraux, l’île est également riche en pétrole et gaz naturel. Ceci représente une opportunité plus qu’intéressante pour l’économie et la sécurité énergétique des États-Unis. Cette volonté est cependant unilatérale puisque d’une part, la Première ministre danoise a déclaré que les habitants du Groenland souhaitent l’indépendance malgré son statut de territoire autonome. D’autre part, ils ne souhaitent pas non plus rejoindre les États-Unis.

X : Une arme d’influence redoutable

Elon Musk utilise X, le réseau social le plus populaire en Europe, comme levier pour peser dans l’opinion publique. Il a exprimé son soutien à l’AfD, parti d’extrême droite allemand connu pour ses positions radicales sur l’immigration. L’AfD semble vouloir profiter de cette alliance pour accroître sa popularité.

En Grande-Bretagne, après avoir été initialement soutenu par Elon Musk, Farage a appris comme beaucoup d’utilisateurs du réseau social X que “le parti ReformUK a besoin d’un nouveau chef” parce que selon Musk, Farage ne fait plus affaire en raison de son absence de soutien à Tommy Robinson. Cette position est un revirement par rapport au parti ReformUK et son leader, Nigel Farage. Musk a utilisé X pour soutenir Tommy Robinson, figure controversée de l’extrême droite, et pour critiquer Keir Starmer, leader travailliste. Ces actions montrent sa volonté d’intervenir dans les débats politiques européens pour influencer les rapports de force en sa faveur.

Pour l’instant, la France semble épargnée par l’influence directe d’Elon Musk. Cependant, des signes laissent penser qu’il pourrait rapidement s’y intéresser. La présence annoncée de Marine Le Pen à l’investiture de Donald Trump à Washington le 20 janvier prochain pourrait ouvrir la porte à une collaboration future. Outre les députés français, Éric Zemmour et Sarah Knafo sont également conviés. Alors que la Pologne entame sa présidence du Conseil de l’Union européenne avec un discours axé sur la sécurité, la question se pose : jusqu’où Musk ira-t-il pour servir ses intérêts économiques et politiques ?

Un risque pour l’unité européenne

Elon Musk ne se contente pas d’être un entrepreneur visionnaire ; il agit désormais comme un acteur influent sur la scène politique mondiale. En soutenant des forces politiques opposées à l’Union européenne, il met en péril la souveraineté des États membres et la cohésion du bloc européen.

Si l’Union européenne veut préserver son indépendance face à de telles ingérences, elle devra renforcer ses mécanismes de régulation et surveiller de près les interactions entre ses dirigeants et des figures comme Musk. Le futur de l’Europe dépendra de sa capacité à résister à ces tentatives de division orchestrées au profit d’intérêts privés.

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