Ce lundi 22 février, dans la soirée, le ministre de l’Intérieur belge, membre du parti nationaliste flamand N-VA, a décidé de rétablir les contrôles à la frontière entre la Belgique et la France. En effet, Jan Jambon entend prévenir un afflux de réfugiés provenant de Calais à la suite du démantèlement de la « jungle » de Calais. La Belgique a, néanmoins, informé la Commission européenne qu’elle entendait déroger temporairement aux accords de Schengen, ce que les accords autorisent.
Le ministre indique ainsi que « nous allons temporairement déroger à Schengen ». On peut s’interroger sur la durée du « temporaire ». En effet, la crise des migrants dure depuis plusieurs années sans qu’aucune réelle solution n’ait été mise sur pied. L’Union européenne ne semble pas s’accorder sur les solutions apportées ou même sur une solution tout court. Par conséquent, la gestion de cette question est laissée aux États membres dont les réponses se sont avouées pour le moins inefficace, voire scandaleuse. Ceux-ci ont déjà tenté de stopper le flux migratoire à coups de murs et de matraques, et sans résultat. Les barbelés n’ont pas endigué la migration. Continuer à appliquer des recettes inefficaces, c’est annoncer une mort clinique de l’espace Schengen. En l’absence de réponse européenne, les Etats-nations continueront à ériger des murs et il restera à constater la mort de fait de l’espace Schengen et du principe de libre circulation.
Il faut croire que les appels à la tolérance et à la solidarité de l’acteur britannique Jude Law à Calais ont été stoppés net à la frontière franco-belge. Le ministre ajoute que 32 individus ont été interpellés. Voici donc le nouveau sens du mot accueil et de la protection de la vie des individus contre la violence et les combats, les menottes et la détention. Deviendra-t-il le socle de nouvelles valeurs européennes ? Le ministre de l’Intérieur belge estime préserver l’ordre public ou plutôt le désordre public. L’intérêt de cette politique reste à déterminer.
Jan Jambon déclare aussi : « Nous avons vu ce qu’il se passe à Calais et nous voulons éviter toute situation similaire en Belgique ». Il est intéressant de mettre en parallèle cette déclaration et l’attitude du Premier ministre belge. Celui-ci a, en effet, fait pression sur son homologue français pour régler cette « situation de non-droit », qu’incarne la « Jungle ». Comment le gouvernement belge peut-il ainsi décrier sa propre diplomatie ? Il devrait se réjouir, que la France ait mis fin à cette situation. En outre, si les déclarations du ministre de l’Intérieur semblent indiquer que la Belgique n’entend pas reproduire les conditions d’accueil connues dans la jungle de Calais, il est important de rappeler à ces autorités que pendant très longtemps les réfugiés ont eux aussi vécu dans des conditions similaires dans le parc Maximilien à Bruxelles.
1. Le 16 mars 2016 à 19:03, par Lame En réponse à : « Jungle » de Calais : La Belgique rétablit ses frontières avec la France
*La Belgique a, néanmoins, informé la Commission européenne qu’elle entendait déroger temporairement aux accords de Schengen, ce que les accords autorisent.
Jan Jambon a beau être détestables, il n’a pas enfreint le droit européen. Pourquoi donc reprocher à la Belgique d’appliquer ces prérogatives ?
*En l’absence de réponse européenne, les Etats-nations continueront à ériger des murs et il restera à constater la mort de fait de l’espace Schengen et du principe de libre circulation.
L’Espace Schengen a pour but de faciliter la circulation des citoyens européens entre certains Etats membres et pas des migrants. La majorité d’entre eux ne sont jamais partisans de la libre-circulation des migrants, sauf quand elle permet de leur faire quitter leur propre territoire.
Logiquement, les mandataires européens devraient se demander quelle est la volonté générale des citoyens européens et la mettre en oeuvre, pas leur imposer des politiques migratoires ingérables par idéologie. Le fédéralisme européen ne se confond pas avec l’immigrationnisme.
2. Le 13 avril 2016 à 21:46, par Nathan Delbrassine En réponse à : « Jungle » de Calais : La Belgique rétablit ses frontières avec la France
En effet, la Belgique est dans son droit et bien entendu que le fédéralisme européen ne se confond pas avec « l’immigrationnisme ». Toutefois, nous pouvons nous interroger sur l’effectivité du principe de respect des droits et de la dignité humaine dont l’Union et particulièrement les chefs d’Etats et de gouvernement des Etats membres se prétendent être le fer de lance.
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