Le problème de fond est décrit habituellement avec le concept « d’immigration illégale ». Néanmoins ce dernier masque quelque chose d’important : non seulement les immigrants deviennent des ouvriers travaillant pour l’économie européenne – si ils parviennent à rester de façon incontrôlée – généralement pour des métiers laborieux et des salaires plus bas, que ce soit de façon légale ou (le plus souvent) en travaillant au noir. Aussi leur existence consiste en bien plus que ce qui est réduit à la criminalité par le concept « d’immigration illégale ». Nous ne parlons pas ici de marchandises qui ont été importées illégalement, mais d’êtres humains qui veulent soutenir leurs familles ou qui n’en ont plus et qui tentent désespérément leur chance en Europe – une chance qui ne se réalise pratiquement jamais dans les faits.
Un problème humanitaire
Beaucoup meurent durant la traversée de la Méditerranée ou dans l’Atlantique, près des îles Canaries. Chaque année des centaines, sans doute plus d’un millier. Les patrouilles côtières européennes ne les aident pas toujours dans leurs coques de noix, parfois ils ne font que les repousser, en pleine mer. C’est là qu’est le véritable problème : une absence d’aide (ou plus grave) de la part des pouvoirs publics européens en mer. A vrai dire, une situation impensable.
Désormais, la Commission propose de permettre à Frontex de disposer directement d’hélicoptères et de navires, jusqu’ici sous contrôle national, ainsi que de pouvoir elle-même prévoir les opérations et avoir à moyen terme des moyens propre à disposition. La commissaire Malmström escompte manifestement au travers de cette intervention directe de Bruxelles un meilleur respect des droits de l’Homme. Par ailleurs, tous les fonctionnaires des douanes européens devront à l’avenir recevoir une formation sur le thème des droits fondamentaux, ce qui inclut des sujets tels que l’asile et le non-rejet.
Une solution européenne ?
Il y aura à ce sujet des oppositions et des clivages politiques prévisibles au Conseil, qui doit approuver tout ce projet. Les États les premiers concernés – Italie, Grèce, Espagne et Malte – ne permettront très probablement pas l’accès à leurs ressources humaines et techniques nationales, sans réclamer plus de soutien des pays septentrionaux en ce qui concerne l’accueil des migrants. Beaucoup de responsables au Sud se sentent – à raison – délaissés par le Nord avec la misère en mer et les centres d’accueil chez eux. Un compromis acceptable va donc devoir mettre le nord plus à contribution – il reste à déterminer, si cela se fera à travers un soutien financier ou l’accueil de migrants, comme le voudrait la solidarité et les affinités européennes.
Rien n’est moins sûr que le succès de la proposition de Malmström. Mais il faut la saluer sur le principe, si dans les faits elle conduit à une plus grande solidarité européenne et à une meilleure protection de la vie et de la santé des migrants. Mais tout ceci ne saurait être qu’une première étape. En effet c’est seulement après avoir survécu à la traversée que commencent généralement les problèmes des migrants en Europe.
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