Les institutions de l’UE négocient actuellement le cadre financier pluriannuel (CFP) : celui-ci définit la répartition approximative du budget de l’Union pour les sept prochaines années. Il reflète donc les priorités politiques pour la période 2021-2027. Au terme de celle-ci, il ne restera que trois ans avant que le monde ne fasse le point sur la réalisation – ou non – des objectifs de durabilité des Nations Unies. Les négociations menées dans le cadre du CFP doivent donc montrer à quel point l’UE, lauréate du prix Nobel de la paix, prend au sérieux la lutte contre l’extrême pauvreté, la famine ou les maladies dites « évitables » ainsi que la protection du climat et l’égalité des sexes.
Bruxelles prend son temps
Il est bien que connu que la rapidité n’est pas le fort de l’UE. Les négociations budgétaires traînent depuis un moment. Il s’agit d’un processus difficile lors duquel les intérêts et les préoccupations de chacun doivent être pesés, tant entre les institutions de l’UE qu’entre les États membres. La décision finale, qui fixera la portée et la répartition du budget, ne cesse d’être reportée. Dans un processus aussi morcelé, les négociateurs peuvent facilement oublier de prendre une vue d’ensemble. Le monde dans lequel nous vivrons à l’avenir sera pourtant à l’image du résultat des négociations.
L’Union européenne – et l’ensemble de ses États membres – représente le plus gros distributeur de fonds de développement au monde. Cela fait d’elle un acteur indispensable dans la lutte contre l’extrême pauvreté. Si l’ONU a fixé des objectifs ambitieux en termes de développement durable, ceux-ci n’en sont pas moins accessibles. Pour les atteindre, nous avons besoin d’une Union européenne dans sa meilleure forme possible, disposant d’une vision claire et des ressources nécessaires.
Un véritable partenariat entre l’UE et l’Afrique
C’est non seulement le devoir moral de la lauréate du prix Nobel de la paix, mais c’est aussi dans son propre intérêt. L’Europe vieillit. La main-d’œuvre baisse de plus en plus. En même temps, la population africaine, elle, doublera et atteindra d’ici 2025 les 2,5 milliards, dont la moitié aura moins de 25 ans, faisant ainsi de l’Afrique le continent le plus jeune du monde. D’un côté, l’Europe a besoin de personnes bien formées pour contribuer à remédier au manque de main-d’œuvre qualifiée dans l’UE. D’un autre côté, l’Europe peut contribuer significativement à un miracle économique africain.
Pour ce faire, elle doit néanmoins investir dans la jeunesse africaine avec cohérence. Les trois « E » sont d’une grande importance : Éducation, Emploi et Engagement social. Si les jeunes en Afrique se voient offrir les opportunités qu’ils méritent, ils pourront devenir un moteur pour l’économie africaine et la lutte contre l’extrême pauvreté. L’Europe aurait alors un partenaire commercial de taille à sa porte. C’est exactement ce que l’on appellerait un véritable partenariat.
Toutefois, ces aspects doivent être vus uniquement comme une incitation et non comme l’objectif premier de l’Europe. Les vies humaines individuelles doivent rester au premier plan. Des investissements doivent être effectués à plusieurs niveaux afin de faire de la vision d’un monde sans pauvreté une réalité.
Voir grand
Pour concrétiser une telle vision, nous avons désormais besoin d’une UE qui ne se contente pas de faire ce que bon lui semble, mais qui pense et agit sur du long terme et qui regarde au-delà de ses frontières. Nous avons besoin d’une Union européenne consciente de sa responsabilité mondiale et qui considère également son prix Nobel comme une mission pour continuer son travail de paix. On le sait : une bonne politique de développement et un bon travail d’équipe font la meilleure politique de paix.
L’UE peut donc apporter une contribution importante pour faire du monde un endroit plus pacifique et plus juste d’ici 2030 et au-delà. L’endroit dans lequel nous vivons ne doit plus conditionner notre droit à la vie : un monde dans lequel tout le monde a les mêmes chances semble utopique et impossible. Pourtant, qui d’autre que l’UE serait mieux placé pour faire de l’impossible une réalité ? Penser européen, c’est aussi penser à grande échelle. Ne nous contentons pas du minimum.
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