La Suisse choisit le repli nationaliste

, par Nouveau Mouvement Européen Suisse

La Suisse choisit le repli nationaliste

Berne, le 9 février 2014 Le Nouveau mouvement européen suisse (Nomes) et les proeuropéens sont tristes et consternés par l’acceptation de l’initiative populiste de l’UDC. Par ce résultat, c’est l’ensemble de l’architecture bilatérale, soit vingt ans de négociations, ainsi que la prospérité économique et sociale du pays qui sont menacées.

Bientôt, il apparaîtra que les citoyens ont été dupés par les promesses illusoires d’un texte xénophobe et isolationniste. Aujourd’hui, en abandonnant les valeurs fondamentales que sont l’humanisme, la liberté et la solidarité, la Suisse vient d’entrer dans une période de régression.

Ce dimanche, les citoyens ont choisi de mettre l’acquis des relations avec l’Union européenne en grand danger. Ils acceptent ainsi de mettre en péril la prospérité du pays et d’ignorer le rôle qu’ont joué les accords sectoriels conclus avec l’UE dans le succès économique de notre pays. Par ailleurs, cette décision suisse constitue un mauvais signal donné à l’ensemble des peuples européens.

L’acceptation de l’initiative entraîne la réintroduction de contingents à l’immigration, qui attaquent directement l’accord sur la libre circulation des personnes. Les conséquences de ce sabotage des relations bilatérales pourraient s’avérer douloureuses. A terme, des barrières à l’exportation de nos produits sur le marché européen pourraient surgir. De même, le traitement égalitaire dont bénéficient les compagnies aériennes basées en Suisse, ainsi que la participation de la Suisse au programme cadre de recherche pourraient être menacés. En résumé, c’est l’ensemble des accords conclus avec l’UE en 1999 qui sont désormais en péril. Et si ces accords devaient être renégociés, la Suisse serait soumise au bon vouloir de l’UE.

Le Nomes et les partisans de l’ouverture déplorent la campagne antieuropéenne et isolationniste conduite par les partisans de l’initiative. D’une part, aucun des risques générés par l’initiative n’ont été pris en compte. D’autre part, la réintroduction de contingents et de quotas à l’immigration ne constituent pas une solution, ni une réponse aux défis que pose l’immigration pour notre pays. L’UDC a instrumentalisé les peurs de la population pour promouvoir une Suisse mythifiée.

Il est temps que l’UDC se saisisse de ses responsabilités et qu’elle assume les conséquences de ses initiatives xénophobes et populistes ! Nos diplomates ne sont pas des faiseurs de miracles et comme l’ont récemment souligné à juste titre dans le quotidien « Le Temps » les chercheurs Frédéric Esposito et Stephan Davidshofer : « le Conseil fédéral ne peut pas éternellement agir comme un plombier chargé de colmater les fuites de l’édifice des bilatérales qu’entretient savamment l’UDC au gré des votations sur l’Europe ».

La Suisse est en train de payer vingt ans de faiblesse face au populisme ; il est temps qu’elle se tourne vers un futur constructif basé sur une réflexion lucide et sereine.Le Nomes demeure le plus fidèle combattant en faveur d’une Suisse ouverte et tolérante. Il appelle aujourd’hui le pays et ses citoyens à se ressaisir. C’est dans cet esprit qu’il appelle le Conseil fédéral, les partis politiques et la société civile à s’engager résolument pour une politique européenne tournée vers l’avenir. Une telle approche ne doit pas exclure a priori l’adhésion à part entière de la Suisse à l’Union européenne aux meilleures conditions possibles.

« Graphique mettant en relation le nombre d’étrangers dans les cantons et le vote des Suisses.

Graphique réalisé par Martin Grand Jean »

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Vos commentaires
  • Le 11 février 2014 à 17:02, par Jean-Luc Lefèvre En réponse à : La Suisse choisit le repli nationaliste

    Il faut saluer cette contribution à la fois lucide et documentée, avec un graphique très parlant de la réalité des choses. Cela étant, la tendance traduite par la votation helvétique ne lui est pas spécifique. Pas de culpabilisation donc ! Cela étant, sachant le taux de participation, ces résultats, bien que décevants, ne constituent pas un ras de marée au sein de l’opinion publique. Pour négocier avec l’U.E., ces résultats ne faciliteront pas la tâche du Conseil fédéral tout en permettant aux forces vives de la Confédération d’encore faire pression pour limiter les dégâts pour tous ! Ce qui s’est passé en Suisse confirme le sentiment qu’il convient d’entendre le message qui a été donné par les citoyens : la Norvège se prépare aussi à un referendum ! Ce qui s’est passé en Suisse confirme le déficit de pédagogie européenne dans nos pays : faute de plaideurs en faveur de l’intégration, d’autres sont venus à la barre pour empêcher le processus. Ce qui s’est passé en Suisse doit nous encourager à davantage de travail en profondeur pour expliquer que la crise est d’abord la conséquence d’un manque d’Europe !

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