Comment interpréter les résultats de ce scrutin ?
C’est la preuve qu’il n’y a pas eu de vrai débat européen pendant cette campagne. Les gens ne se sont pas prononcés sur quelle Europe ils voulaient. Cela a été le fruit de la contestation de la politique de François Hollande, de l’abstention, d’un dégoût généralisé. C’est difficile d’interpréter ces résultats autrement que de dire qu’on est passé à côté d’une campagne purement européenne. On a pas « européanisé » la campagne. On se retrouve avec un contexte national tellement négatif et défaitiste que cela se ressent dans le résultat des élections européennes.
Dirais-tu que le parti socialiste est le principal responsable de cet échec ?
Je ne suis pas pour accuser le parti socialiste. Je pense que les principaux partis politiques depuis vingt-ans accusent l’Europe à chaque fois qu’ils sont au gouvernement. Les principaux médias n’arrivent pas du tout à faire comprendre les enjeux européens et se contentent du cadre national. Il y a une série de responsables. Ce n’est pas simplement la politique de Hollande. On est toujours passé à côté de l’occasion de faire plus de pédagogie sur l’Europe, d’expliquer à quoi cela sert, comment influer sur ses orientations. On ne la jamais fait. Plus on avance, plus cela se ressent dans le résultat des élections européennes.
Ces élections ont-elles été accaparées par les enjeux nationaux ou bien les politiques européennes seraient-elles la cause du vote nationaliste ?
Les politiques européennes ont aussi influencé ce vote en ce que l’Europe n’a pas été à la hauteur de la crise. On a mis en place la Troïka au lieu d’avoir une réponse européenne. On a appliqué une terrible politique d’austérité à la Grèce. On a élevé les États les uns contre les autres en déplorant que l’Allemagne payait pour la Grèce. On a interprété tous les enjeux européens à travers des rapports de force entre États-nations. Tout le monde a alimenté cela, que ce soit les médias ou les chefs d’État et de gouvernement. Cela se répercute bien évidemment sur ces élections.
Comment répondre à ce vote nationaliste ?
Encore et toujours en expliquant ce que fait l’Europe. Il faut expliquer que l’on peut changer les choses au niveau européen. J’espère que les députés élus, ceux qui croient en l’Europe, arriveront à l’orienter dans la bonne direction pour prouver aux citoyens que l’on peut faire de belles choses à l’échelle européenne et que ce n’est qu’une question de majorité politique. Si l’on se déplace pour voter pour les bonnes personnes, on peut changer l’Europe.
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