En 2009, vous avez effectué un premier mandat. Quelles ont été vos trois principales réalisations politiques ?
Mon expérience au Parlement européen m’a d’abord montré que l’Europe est un combat quotidien pour faire bouger les lignes et faire avancer l’Union européenne sur le plan démocratique, social et environnemental. Ce défi est immense et de longue haleine, mais depuis 2009, le Parlement a quand même réussi à remporter de belles victoires comme le sauvetage des aides alimentaires ; le recul d’ACTA ; l’adoption de la stratégie européenne pour les sans-abris qui a fixé, pour la première fois, les grandes lignes d’une politique européenne de lutte contre l’exclusion ; et enfin, l’adoption de la taxe sur les transactions financières, outil privilégié pour réguler les dérives du capitalisme financier.
Il y a eu également des échecs, comment faire pour aller plus loin ?
Les deux principaux échecs de l’UE réside dans son incapacité à se doter de moyens efficaces pour affronter les deux principales crises qui nous menacent : la crise économique et sociale et le dérèglement climatique. Dans le premier cas, la principale cause de cet échec réside dans les politiques d’austérité comme seule réponse à la crise. Plus précisément, ils sont le fruit d’une Commission européenne qui s’est faite le chantre du néolibéralisme sous la présidence de M. Barroso, et d’un Conseil des Etats membres qui a été en grande partie guidé par les égoïsmes nationaux et l’absence d’ambition européenne. Quant au dérèglement climatique, même si l’UE est l’une des principales sources de mesures de protection de l’environnement, la Commission et le Conseil n’ont pas pris la mesure de ce que représente pour l’humanité cette impérieuse nécessité, ni l’opportunité en matière de millions d’emplois durables que représenteraient des investissements massifs dans la transition énergétique.
Sur tous ces sujets, les députés écolos au sein du Parlement européen, conscients que nous représentons l’intérêt de tous les citoyens européens, ont défendu des positions beaucoup plus progressistes et ambitieuses. Mais cela ne suffit pas. Face à d’autres groupes politiques qui manquent trop souvent de courage, il faut davantage de députés écologistes au parlement européen.
Quelles solutions proposez vous ?
Il nous faut renforcer les capacités de protection de l’Europe. L’Europe doit mieux protéger les populations les plus fragiles, premières victimes des crises climatiques et économiques. Mieux protéger les citoyens des pollutions de l’air, des sols et de l’alimentation, notamment à travers les pesticides et les OGM. Mieux protéger les jeunes et les plus de 50 ans qui sont frappé par un. chômage de masse, le mal-logement ou encore par la précarité énergétique. Mieux protéger les populations migrantes de la stigmatisation et de l’exclusion. Mieux protéger les travailleurs et les retraités du dumping social, notamment en harmonisant les droits sociaux, et en instaurant un revenu minimum européen, voire un revenu maximum.
Pour tous ces sujets, il faut une Europe qui protège. Pour cela, il faut renforcer la démocratie au sein des institutions européennes, afin de renforcer la lisibilité des politiques européennes ainsi que leur contrôle par les citoyens européens. Rapprocher l’Europe des citoyens est le meilleur moyen de faire perdre les eurosceptiques et l’extrême-droite.
Que diriez-vous à celles et ceux qui hésitent à aller voter aux élections européennes 2014 ?
A l’heure où la Commission européenne tente de nous imposer un traité de libre-échange avec les Etats-Unis dit « TAFTA » qui remettrait en cause toutes les politiques publiques mises en places par des élus ayant la légitimité des suffrages, le vote du 25 mai est une échéance essentielle ! Ce traité serait l’annulation des moratoires sur les gaz de schiste, l’interdiction des OGM, des mesures de lutte contre l’utilisation des produits phytosanitaires, ou encore de la réglementation sur les produits chimiques REACH. A l’heure de la mondialisation, l’échelon européen reste le seul à même d’apporter des solutions adaptées aux nombreux défis que notre continent doit relever.
A celles et ceux qui hésitent à aller voter, je leur dis que l’Europe que nous connaissons aujourd’hui, l’Europe des marchés ou « l’Europe forteresse » n’est pas une fatalité. Le 25 mai prochain, vous avez une chance de donner vie à l’Europe que vous voulez.
C’est pour cette raison, que le Parlement européen doit continuer à se renforcer et qu’il faut y envoyer en masse des députés qui se battront pour refuser les politiques aveugles d’austérité et lancer la transition écologique et sociale en Europe.
1. Le 2 juin 2014 à 01:51, par Alexandre Marin En réponse à : Karima Delli : « Le 25 mai prochain, vous avez une chance de donner vie à l’Europe que vous voulez »
Qu’on soit ou non d’accord avec les positions de Karima Delli, force est de constater qu’elle a manifesté un engagement constant, sincère et droit, que ce soit en tant que parlementaire ou en tant que militante pour le collectif jeudi noir.
Tout au long de son parcours politique et de son mandat au parlement européen, elle a mené avec courage, détermination et persévérance de vaillants combats contre la pauvreté, l’exclusion, et le mal-logement, au point que ses pairs l’ont surnommé « Madame logement ».
C’est pourquoi Karima Delli est digne d’admiration et de louanges.
Elle est un modèle de qualités et de vertus pour tous les hommes et les femmes politiques qui aspirent à porter haut leurs convictions à honorer pleinement leurs mandats et leurs fonctions, et ce, quels que soient leurs bords et leurs idées.
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