Le Bayern Munich, très grand d’Europe et symbole des puissants du football

, par Jérôme Flury

Le Bayern Munich, très grand d'Europe et symbole des puissants du football
Source : Pixabay

Le club du Bayern Munich est devenu mardi 16 juin 2020 champion d’Allemagne pour la 30e fois de son histoire et pour la 8e fois consécutive. Une performance rare et impressionnante, mais qui témoigne également de la domination sans partage du club bavarois dans son pays. Un cas qui n’est pas isolé dans le football européen du XXIe siècle.

2013-2014-2015-2016-2017-2018-2019-2020. Bis repetita. Encore une fois, le Bayern Munich vient d’être sacré champion d’Allemagne de football, pour la 8e fois consécutive et la 30e fois de son histoire, deux records. Une performance « kolossal », qui sera difficile à imiter. Des moyens financiers énormes, une histoire et un prestige qui font de ce club une équipe à part, le Bayern Munich est l’illustration d’un phénomène se déroulant actuellement en Europe occidentale où les championnats de football sont sous la domination de quelques « gros ».

Avec ces huit titres consécutifs, le club bavarois affiche une constance peu commune, au plus haut niveau du football allemand, qui fait pourtant partie des championnats les plus réputés. Ces dernières saisons, ni Schalke 04, Borussia Dortmund, Red Bull Leipzig ou Wolfsbourg, qui se sont échangés la deuxième place, ne sont parvenus à faire tomber le géant de son piédestal. Et il sera compliqué de le faire.

Dans l’histoire, de telles performances restent très rares. En France, l’Olympique Lyonnais était entré dans la légende en 2008, en décrochant son septième titre de champion d’affilée. Ce n’est qu’une décennie plus tard que la Juventus de Turin l’a dépassé, avec son 8e titre de champion d’Italie consécutif obtenu en 2019. Et ce cercle très fermé des équipes à avoir remporté au moins sept titres d’affilée, compte depuis l’année passée le Bayern Munich. A une époque où le football semble être devenu très concurrentiel, les cadors sont paradoxalement devenus plus difficiles à faire tomber.

Une force de frappe sur le marché des transferts

Le Bayern Munich est la référence ultime dans son pays. Et pour le rester, le club n’hésite pas à recruter chez ses concurrents. Récemment, Leon Goretzka depuis Schalke 04 (2018), Niklas Süle en provenance de Hoffenheim (2017), ou encore Joshua Kimmich de Stuttgart (2015), sont venus renforcer les rangs du multiple champion. Le club bavarois pioche également chez son rival du Borussia Dortmund, lui prenant certains de ses meilleurs éléments, comme Mats Hummels en 2016 (retourné à Dortmund en 2019), Mario Götze en 2013 (retourné à Dortmund en 2016) et surtout Robert Lewandowski en 2014, aujourd’hui artificier en chef de l’équipe.

Et l’Allemagne étant historiquement l’une des nations les plus performantes dans le domaine du football (4 titres mondiaux, 3 fois championne d’Europe), le Bayern attirant les meilleurs joueurs de la sélection en profite également. L’ossature de l’équipe championne du monde en 2014 évoluait ainsi dans l’effectif bavarois, du gardien Neuer aux offensifs Müller, Kroos ou Götze en passant par Schweinsteiger, Boateng et le capitaine Lahm. Cela témoigne aussi d’une volonté particulière, alors que le Paris SG, multi-champion en France, ne comptait dans ses rangs que trois des joueurs sacrés au mondial 2018 en Russie.

Club historique, familial, figurant parfois à la une de la presse people, le Bayern Munich est aussi une institution et une puissance financière. Le club a réalisé le quatrième plus gros chiffre d’affaire d’Europe (660 millions d’euros, hors filiales) en 2019-2020, derrière les Espagnols de Barcelone et du Real Madrid et après Manchester United. Ce qui lui permet de maintenir ce niveau de performance sportive.

Une culture de la gagne

Les huit titres consécutifs du Bayern Munich n’ont cependant pas été aussi simples à remporter qu’il n’y paraît. La saison passée, l’entraîneur Niko Kovac a été remercié, preuve que la « culture de la gagne », qui existe aujourd’hui dans ce club, ne permet aucun faux pas. L’exigence de résultats est énorme chez les champions nationaux. Au Paris Saint-Germain, malgré un taux de victoires de 79 % et les quatre titres nationaux remportés lors de la saison 2018-2019, l’entraîneur espagnol Unai Emery n’est pas prolongé, et son bilan est jugé globalement négatif, à cause des résultats européens du club de la capitale. A Barcelone, les deux titres de champion d’Espagne remportés par Ernesto Valverde, ne l’ont pas empêché d’être limogé en janvier 2020. Ainsi, ce titre de champion d’Allemagne, “n’est cependant pour les dirigeants qu’un minimum indispensable”, affirme l’AFP.

Et les “grands clubs” tiennent à ne pas perdre ce rang. En Europe, des idées ont émergé ces dernières années, comme celle d’une « Super league », entre les équipes les plus puissantes, afin de préserver leur position. Une stratégie conservatrice, qui illustre peut-être la pensée dominante sur le vieux continent.

Les puissants font la loi

Le fait est qu’aujourd’hui, les cadors européens semblent avoir trouvé la recette pour rester au sommet. Mis à part en Angleterre, où la concurrence semble s’être accrue ces dernières saisons, comme peut en témoigner la 3e place actuelle de Leicester en Premier League, devant les clubs de Chelsea, Manchester United et Arsenal, membres d’un « big four » aujourd’hui révolu, et en Espagne, où Barcelone et le Real Madrid s’empêchent l’un et l’autre d’accumuler les titres, les trois autres grands championnats semblent avoir des champions fixes. En France évidemment, le Paris Saint-Germain reste au-dessus de la meute, même si leur moisson miraculeuse de sept sacres nationaux a été entrecoupée par la surprise Monaco en 2017. En Italie, la Juventus de Turin est sur les traces d’un nouveau record, chassant ce qui pourrait former son neuvième titre consécutif, et en Allemagne, le Bayern semble donc ne pas avoir d’égal. Même en coupe d’Europe, l’équipe allemande n’a pas fait de détails face à Tottenham, pourtant finaliste de la dernière ligue des champions, en allant s’imposer 7-2 à Londres le 1er octobre dernier.

Chaque été, la planète football est en ébullition et les sommes records tombent. Pour rester au plus haut, l’argent est essentiel. Et les clubs plus modestes, qui réalisent de belles performances, sont alors contraints bien souvent de voir leurs pépites s’en aller. L’Ajax Amsterdam a dû faire face au départ de ses superstars Matthijs de Ligt à la Juventus de Turin et Frenkie de Jong à Barcelone, contre des chèques respectifs de 85,50 et 75 millions d’euros. La Juventus avait notamment déjà recruté l’été précédent Cristiano Ronaldo (117 millions d’euros) tandis que Barcelone accueillait Antoine Griezmann (120 millions d’euros) la même année que De Jong. Et jusqu’à ces derniers mois, les règles européennes de “fair-play financier” semblaient ne constituer qu’un lointain mirage. Le club britannique de Manchester City a néanmoins été sanctionné.

Toujours en haut, toujours plus longtemps

Sportivement, figurer parmi les meilleurs sur la scène nationale permet ensuite de se frotter aux plus grands sur le terrain européen. Avec l’assurance de gagner en prestige et en argent, et d’attirer alors les meilleurs joueurs, permettant de rester au top de son championnat. Des cercles vertueux, qui peuvent malgré tout être brisés. En Allemagne, ces dernières années, Hambourg (six fois champion) a été relégué en deuxième division à l’issue de la saison 2017-2018, Stuttgart (cinq titres) l’a imité l’année suivante, et le Werder Brême (quatre sacres) lutte actuellement pour ne pas suivre le même destin.

De fragiles équilibres. La participation aux coupes d’Europe est une manne économique dont il est difficile de se passer lorsqu’on y a pris goût. En témoignent les efforts répétés du président de l’Olympique Lyonnais, Jean-Michel Aulas, pour trouver une solution alors que l’arrêt du championnat de France réduit presque à néant ses espoirs de disputer une compétition continentale l’an prochain. Ce serait une première pour son club depuis 1996.

Finalement, la performance du Bayern Munich n’est certainement pas à minimiser. Peu d’équipes en Europe peuvent se targuer de dominer autant leur championnat national. En Espagne, les deux monstres sont le Real de Madrid (33 sacres) et le FC Barcelone (26), en Italie, la Juventus écrase la concurrence avec 35 titres, loin devant les deux rivaux milanais, l’AC Milan et l’Internazionale, qui en comptent 18 chacun.

Le football en Europe occidentale vit peut-être une période unique. Rester au sommet. Si le Bayern Munich, la Juventus de Turin ou le Paris Saint-Germain semblent démontrer qu’il est facile de s’établir dans la durée, il n’en est rien en réalité. En Angleterre notamment, un monstre sacré comme Liverpool, 18 fois champion, court après un titre depuis 30 ans… Et pourrait peut-être à nouveau l’obtenir cette année. Même si le sport est fait de surprises, il semblerait bien que les grands clubs ne meurent jamais.

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