C’est clair : je suis socialiste. Le programme du PS, du PSE pour être exact, je n’ai eu aucun problème à me l’approprier. Il faut d’ailleurs remarquer que, cette fois, nous avons mieux fait campagne sur le fait que nous avons un programme commun à tous les partis membres du PSE.
Pour les socialistes – en reflet du programme présidentiel français, d’ailleurs – la priorité, c’est l’emploi. Devant même la croissance. Pour cela, le premier instrument est l’extension de la garantie jeunesse. Après avoir arraché sa création, les socialistes proposent de plus que tripler les fonds de cet instrument qui permet de ne laisser aucun jeune sur le bord de la route. De manière plus indirecte, la relance économique européenne passe par une politique forte, volontariste d’investissements. La transition énergétique est un thème largement consensuel au niveau européen, il est donc logique que le programme de relance des socialistes soit résolument vert.
Au-delà de l’explosion du chômage, en Europe, la crise a été une crise de cohésion : manque de solidarité entre les Etats, divergence des économies. Le programme du PSE prévoit donc une harmonisation sociale et fiscale, avec deux mesures-phares : l’instauration d’un salaire minimum, à 60% du salaire médian de chaque pays, et la lutte contre l’évasion fiscale. La première mesure est une vieille revendication des socialistes européens, qui fait son chemin parmi les autres tendances politiques. Voter pour une majorité socialiste, c’est lui donner la légitimité nécessaire pour qu’enfin chaque travailleur européen ait un salaire minimum.
Sur l’harmonisation fiscale et la lutte contre la fraude, Schulz avait beau jeu, pendant toute la campagne, d’insister sur le pedigree de Juncker, ancien président de l’Eurogroupe et ancien chef du gouvernement luxembourgeois. Au-delà de la personnalité de son adversaire, on ne peut pas dire que le PPE soit à la pointe de ce combat.
Bien sûr, le programme du PSE n’est pas qu’économique. Mais ce qui me semble le plus important est : pourquoi voter pour Schulz qui, il y a 5 ans, a refusé d’aller à l’épreuve de force ? Déjà, le contexte est différent. Cette fois, les candidats à la Commission sont clairement identifiés. Toute la campagne a été basée sur cette nouveauté : les citoyens européens vont aussi voter pour le président de la Commission. Depuis longtemps, Martin Schulz a fait preuve de son ambition. Si les nombreuses promesses de campagne m’ont plus ou moins convaincu de la sincérité actuelle de Juncker, qui dit qu’il ira à l’épreuve de force avec les Etats ?
De manière paradoxale, l’après élection de 2009 est maintenant un de mes arguments pour Martin Schulz : la définition d’une majorité au Parlement Européen sera quelque chose de très compliqué. Or, Schulz, a l’habitude des consensus. Il a l’expérience nécessaire pour bâtir des majorités, et notamment la plus importante, celle qui permettra d’avoir une Commission. En effet, face à la résistance des Etats membres, il faudra une large majorité parlementaire au candidat à la présidence de la Commission. Car oui, la résistance du Conseil sera forte. Depuis Jacques Delors, ceux-ci ont en horreur l’idée d’un président de la Commission fort, engagé … Et indépendant ! Martin Schulz, c’est la possibilité de retrouver une telle Commission, une Commission de nouveau force de proposition pour renforcer l’Union Européenne.
Alors n’hésitez pas : dimanche, votez pour un programme de relance, votez pour un nouveau Delors !
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