Des phénomènes ambivalents
En France, le pays va connaître des températures particulièrement basses, avec jusqu’à -5°C à Belfort. Cette vague intervient aux termes de la deuxième année la plus chaude jamais enregistrée au monde. En effet, après 2022, 2023 est la deuxième année la plus chaude jamais enregistrée dans le monde. Cela n’a échappé à personne : les étés deviennent de plus en plus chauds, les feux de plus en plus violents pendant la saison. En hiver en revanche, les inondations se font de plus en plus fréquentes. On peut penser notamment au Pas-de-Calais ou aux Flandres, où les crues ont forcé de nombreux habitants à fuir leurs habitations.
Le réchauffement climatique en Europe en chiffres
En 2022, l’Europe est devenue la championne du réchauffement climatique, d’après le rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) le 20 avril 2022. Le continent se serait réchauffé en moyenne de 2,2°C depuis l’ère préindustrielle, contre 1,2°C pour le reste du monde. Les Accords de Paris avaient pourtant fixé le niveau à 1,5°C. En 2019, l’Europe émettait en moyenne 9,7 tonnes de CO2 par habitants. Il n’y a plus aucun doute sur le fait que les activités humaines contribuent largement au réchauffement de la planète. Ces changements sont généralisés et rapides. D’une ampleur qui n’a pas été observée depuis des siècles.
Dans ce contexte, lLe gouvernement français a reçu plusieurs ultimatums du Conseil d’État. Ce dernier demande d’assurer une meilleure cohérence quant au rythme de baisse des émissions de gaz à effet de serre, en se concentrant davantage sur les objectifs fixés par les Accords de Paris. Le Conseil d’État a ainsi demandé de recevoir du gouvernement des preuves d’un redressement de la trajectoire d’ici fin 2023, ou au plus tard le 30 juin 2024. Il a également été demandé au gouvernement 50 millions d’euros par année de retard.
“Il n’est pas trop tard”
Comme le dit le GIEC, si le réchauffement de la planète devrait se poursuivre jusqu’à 2050, nous pouvons tout de même éviter un emballement du processus. Nous devons pour cela réduire fortement les émissions de gaz à effet de serre, et ce de façon très rapide. Si nous ne faisons rien, on devrait assister à l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des chaleurs extrêmes sur terre et dans les océans. Les catastrophes dites naturelles se feront plus violentes : pluies diluviennes, sécheresse, tempêtes tropicales et diminution de la glace en hautes-montagnes et dans les pôles.
Comment ?
Pour mettre fin au réchauffement de la planète, il faut au moins atteindre la neutralité carbone et réduire les émissions de gaz à effet de serre. Plus la réduction sera rapide et brutale, plus il sera aisé de conserver un climat convenable.
En décembre 2019, les chefs d’États des Etats membres de l’UE ont convenu d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. La neutralité carbone peut être définie comme le fait de n’émettre dans l’atmosphère que la quantité de gaz à effet de serre pouvant être absorbée par la nature (forêts, océans, sols…). Le but est donc de réduire les émissions de gaz à effet de serre d’au moins 55% d’ici 2030, par rapport au niveau de 1990. Olivier Véran, le ministre français chargé du Renouveau démocratique, a confié lors d’une conférence sur l’avenir climatique de l’UE qu’il croyait l’objectif atteignable en France d’ici 2030.
La décroissance économique
Récemment, on a entendu parler de décroissance économique. Ce concept est souvent critiqué ; M. Véran a d’ailleurs annoncé qu’il ne croyait pas qu’il soit une solution viable économiquement et socialement en France, ou en Europe. La décroissance économique, c’est le concept qui remet en cause l’idée selon laquelle l’augmentation des richesses produites conduit à l’augmentation du bien-être social. Il s’agit de remettre également en question l’idée selon laquelle il est possible pour léconomie de croître indéfiniment dans un monde aux ressources finies.
Nous avons tendance à attendre le progrès technique et technologique comme solution miracle à la crise climatique. Il semble malheureusement utopique de croire que c’est l’ingéniosité de l’humain qui fera apparaître une porte de sortie à une telle situation. La réponse ne se situerait pas dans la technologie, mais plutôt vers davantage de sobriété énergétique. Il s’agirait de changer nos modes de consommation, faire des sacrifices. Ceci est un point que beaucoup (dont des États) ne sont pas prêts à assumer. La question est, a-t-on le choix ? Timothée Parrique démontre dans son livre Ralentir ou périr, que la consommation d’énergie verte ne venait pas remplacer celle des énergies fossiles, mais plutôt s’ajouter. L’Homme ne consomme donc pas moins, mais il consommerait avec meilleure conscience, puisqu’une partie de sa consommation est réalisée par des énergies dites renouvelables. Il est donc fondamental de se poser la question « en ai-je réllement besoin ? ».
L’écoterrorisme
Ce terme employé par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, est controversé. En effet, il n’a tout d’abord aucune existence juridique. Politiquement, il semble dresser un portrait plus que négatif : saboter une canalisation et poser une bombe dans le métro n’ont pas les mêmes conséquences, et il semble difficile de définit par un même mot ces deux actions. On rappelle que le terrorisme est, d’après la loi française, défini comme « une violence intentionnelle à l’encontre de cibles non combattantes dans le but de faire fléchir un pouvoir décisionnaire en installant un climat de terreur ». Par ailleurs, l’écoterrorisme ne doit pas être confondu avec le terrorisme écologique, qui consiste à introduire dans l’atmosphère, ou dans les sols, ou dans les eaux une substance qui puisse mettre en péril la santé de l’homme ou des animaux. Une difficulté lexicale de plus.
Il existe de plus en plus d’actes de désobéissance civile qui ont pour but de faire réfléchir sur le climat et le manque d’actions politiques vis-à-vis de ces enjeux. Certains activistes écologistes pointent du doigt le fait que les considérer d’écoterrorisme est une façon de détourner le cœur du problème. Si les actions des activistes écologistes contiennent dans la plupart des cas une certaine forme de violence -on peut penser à la pyramide du Louvres qui en octobre 2023 a été recouverte de peinture orange- elle est justifiée par ces derniers comme la réponse à la violence même du changement climatique.
Le climat et ses enjeux représentent des sujets particulièrement préoccupants et anxiogènes. Il est néanmoins indispensable que chacun prenne ses responsabilités afin d’arrêter la destruction du monde de demain.
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