Une rencontre sous le signe du coronavirus
La réponse nationale et européenne à la crise du Covid-19 a bien évidemment été au centre de cette réunion. Les ministres ont fait le point sur la réponse de l’UE à cette crise. Lors de la conférence de presse à l’issue de la réunion, Josep Borrell, le Haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, s’est notamment félicité des efforts de l’UE ayant permis de rapatrier 500 000 citoyens européens bloqués hors-UE au moment de l’imposition des mesures de confinement et des restrictions de déplacement. Un travail considérable a en effet été fourni, rendu possible par une coopération diplomatique sans précédent : le Centre de coordination de la réaction d’urgence (ERCC) de la Commission a ainsi cofinancé et coorganisé près de 200 vols qui ont rapatrié environ 45 000 citoyens de l’UE. Il s’agit essentiellement de touristes qui étaient bloqués dans les régions Asie-Pacifique et Amérique. Josep Borrell a néanmoins ajouté qu’il reste environ 90 000 personnes bloquées à l’étranger cherchant à être rapatriées, l’UE travaillant dans ce sens.
Les ministres ont également abordé la question problématique de l’aide humanitaire, devenue très compliquée à l’heure où la plupart des pays ont pris des mesures de fermeture des frontières, d’isolement ou de restrictions des déplacements. L’UE travaille déjà au lancement du « Team Europe package », et lors du Conseil, les ministres ont discuté de la mise en place d’un pont aérien d’aide humanitaire de l’UE. La France, représentée par le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves le Drian, s’est notamment déclarée prête à s’investir dans ce projet. Josep Borrell a par ailleurs mis en avant la lutte contre la désinformation, autre conséquence néfaste de la lutte actuelle. L’UE a réaffirmé sa détermination à soutenir ses partenaires en temps de crise, en particulier le continent africain et les pays de son voisinage.
Le voisinage de l’Union Européenne au cœur des préoccupations
Par ailleurs, les ministres ont également abordé diverses problématiques de politique étrangère qui continuent malgré tout même en temps de crise sanitaire. La question des pays du Partenariat oriental (Arménie, Azerbaïdjan, Géorgie, Ukraine, Moldavie, Biélorusse), et plus particulièrement de l’Ukraine, a notamment été au cœur de cette réunion. Selon Josep Borrell, les ministres ont discuté de leur soutien à ces partenaires durant l’épidémie. « Notre message pour eux est clair : nous continuerons à les aider en cette période difficile », a-t-il affirmé. Selon lui, cette crise représente également pour l’UE l’occasion de montrer qu’elle est « le partenaire le plus fiable pour ces pays » – faut-il y voir une allusion à l’influence exercée par la Russie et, plus récemment, par la Chine dans le Caucase du Sud ?
Les ministres ont en outre réaffirmé leur attachement à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine et leur refus de reconnaître l’annexion de la Crimée par la Russie en 2016. Josep Borrell a rappelé et salué les progrès accomplis dans le cadre du « Format Normandie », la configuration diplomatique réunissant la Russie, l’Ukraine, l’Allemagne et la France visant à résoudre la crise du Donbass. Le format Normandie s’était notamment réuni à Paris en décembre et avait pu accomplir des progrès tangibles à travers la consolidation du cessez-le-feu et l’organisation d’échanges de prisonniers. Malheureusement, les dernières négociations des groupes de contact, le 20 avril, ont été un échec. Durant la séance de questions de la conférence de presse, Josep Borrell s’est montré rassurant quant au contrôle de la situation sanitaire dans le Donbass, et a promis que dès la levée des mesures de confinement, sa première visite diplomatique serait pour l’Ukraine – la visite prévue étant été annulée. Par ailleurs, le Conseil s’est dit préoccupé de la situation en Afghanistan et en Libye, où les processus de paix sont insuffisants ou au point mort, ce qui laisse craindre le pire quant à la crise sanitaire dans ces régions.
Enfin, les ministres ont exprimé leur inquiétude vis-à-vis des atteintes au droit international par la Turquie en Méditerranée orientale, le pays exerçant des forages illégaux dans la zone économique exclusive de Chypre. L’UE avait déjà mis en garde la Turquie, allant jusqu’à sanctionner deux cadres turcs impliqués dans ces forages en février – ce qui a sans doute constitué un motif supplémentaire pour la Turquie de mettre à exécution sa menace d’ouvrir la frontière européenne aux réfugiés syriens, les deux événements ayant eu lieu à quelques jours d’intervalle.
Les ministres des Affaires Etrangères européens sont donc soucieux du soutien de l’UE à ses partenaires et de son rôle sur la scène internationale en temps de crise. Cette réunion prépare la conférence du Conseil européen du 23 avril.
Vous pouvez retrouver ici la conférence de presse de Josep Borrell
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