Depuis 1976, la France a mis en place ce système de changement d’heure dans le but de réaliser des économies d’énergies. C’est le cas pour l’ensemble des Etats membres de l’Union européenne depuis une directive du 19 janvier 2001, harmonisant le droit de l’Union européenne sur le changement d’heure. Un système qui devait permettre de réaliser des économies sur la consommation d’électricité avec une heure d’ensoleillement naturel de plus en soirée.
Les impacts du constat :
Une série d’études sur les incidences de ce dispositif sur plusieurs paramètres ont été menées. Parmi ces paramètres, on retrouve le marché intérieur européen, les relations commerciales transfrontalières, l’organisation des transports, des communications et des voyages ainsi qu’en matière d’économie d’énergie ou encore les problématiques liées à la sécurité routière.
L’Agence de la transition écologique (Ademe) a publié en 2010 une étude relative aux impacts positifs que pouvaient avoir le changement d’heure estivale sur la consommation d’énergie et émission de CO2 en particulier. Les résultats obtenus sont cependant à interpréter avec précautions car des questions restent en suspens quant aux variations de la demande et de l’offre en France avec notamment un usage grandissant du chauffage. Du côté de nos voisins allemands, l’Office of Technology Assessment du Bundestag (TAB) a réalisé une étude plus complète sur laquelle s’est basée le Parlement européen en 2017. D’après les résultats de ce rapport scientifique, l’application du changement d’heure ne semble pas être un problème dans le domaine des transports ou de l’agriculture. Les effets sur les économies d’énergie quant à eux restent mineurs.
Dans ce contexte, la Commission européenne a proposé une nouvelle directive mettant fin aux changements d’heure saisonniers dans l’Union européenne. Les ministres des transports européens, réunis le 3 décembre 2018, ont envisagé la date de 2021 pour abandonner ce système. À l’issue d’une action de coordination, chaque État membre devra alors décider de son heure légale et de choisir s’il y a lieu ou non de garder le système.
Un impact sur notre santé ?
Certains spécialistes de santé démontrent, suite à plusieurs études menées, que notre horloge biologique n’est pas en mesure de s’adapter rapidement à un changement d’heure et ce changement peut avoir des conséquences néfastes sur la qualité de notre sommeil. Ces mêmes spécialistes (chronobiologistes), s’accordent sur le fait qu’il est nécessaire pour notre organisme d’avoir une période d’adaptation. Laquelle est plus ou moins complexe notamment pour les enfants et pour les adolescents. Il faudrait alors rester à l’heure dite “la plus naturelle” à savoir celle qui a le moins de retard sur le soleil, donc l’heure hivernale.
Une directive restée au point mort
En effet, le contexte actuel a retardé la prise de décision sur cette directive européenne. Bien qu’ayant fait l’objet d’une mobilisation importante de la population en 2018, le vote et l’entrée en vigueur de la directive n’est pas pour tout de suite. L’année 2020 a été fatale au projet en raison des événements qui ont quelque peu chamboulé les priorités politiques européennes. De plus, le consensus pour statuer sur le texte en question est complexe à obtenir. Pour une majorité de citoyens européens, le vote en faveur de la fin du changement d’heure est plébiscité. Mais, il reste à prendre la décision du fuseau horaire sur lequel la directive doit s’inscrire : heure d’été ou heure d’hiver ? Les avis divergent selon les Etats membres de l’UE, les pays scandinaves tels que le Danemark et la Finlande plaident pour l’heure d’hiver tandis qu’au sud, les portugais et français favorisent l’heure d’été.
Le Conseil de l’Union européenne est-il prêt à ce changement ?
Pour que le sujet avance, celui-ci doit être mis à l’ordre du jour par le pays qui assure la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne. La dernière fois que le sujet a été discuté, c’était sous la présidence finlandaise, au second semestre 2019. “Le temps est politique” puisque chaque Etat pourra choisir l’alignement à un fuseau horaire si un accord n’est pas conclu adoptant un seul et même horaire. Il n’est pas évident de trouver un consensus entre les 27, là où les intérêts économiques et sociétaux diffèrent d’un État à l’autre selon les décalages horaires. De plus, une période d’adaptation d’un à deux ans après un accord serait nécessaire pour que les services de transports par exemple, puissent adapter leurs horaires. Avec la crise ukrainienne et celle du Covid, le sujet ne sera pas à l’heure du compromis européen…
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