L’attribution de ce prix à une organisation internationale intégrée est une première. Elle consacre avec force de symbole, le travail entrepris par les pères fondateurs et accomplis 60 ans durant par des générations d’europhiles. Basée sur l’idée de rapprocher les peuples, l’Union est devenue le principal acteur dans la lutte pour la démocratie et l’état de droit en Europe. Elle a garanti la paix et se bat toujours, aujourd’hui, pour sa défense. Le prix Nobel vient consacrer cette victoire de tous les jours. Dans le contexte actuel de crise, il est salutaire de rappeler les acquis de l’Union et son action pacificatrice permanente. L’Union européenne est un modèle de réconciliation pour le monde entier et la preuve que des peuples qui ont pendant des siècles été adversaires peuvent finalement apprendre à vivre ensemble, et même mieux que cela, s’unir.
Si c’est l’Union européenne en tant que personne morale qui a reçu le prix, chaque citoyen européen peut en être fier. L’Union n’est pas ce Léviathan institutionnel que l’on voudrait faire croire ; c’est une union d’individus différents, animés par une volonté commune. Ce prix Nobel, reçu par ses représentants, ce sont les citoyens européens qui l’ont permis et c’est à eux qu’il est destiné.
Mais ce prix n’est pas une fin en soi. Ce n’est pas l’accomplissement de la construction européenne, bien au contraire. Ce prix nous oblige. Il oblige l’Union à prendre ses responsabilités. Il oblige l’Union à se battre encore et toujours contre les nationalistes belliqueux de toutes sortes, qu’ils soient hongrois, grec ou français.
De plus, la paix pourra être préservée par un rôle actif de l’Union dans les domaines stratégiques. Pour cela, ce prix Nobel nous pousse à aller vers une intégration plus forte : une intégration économique tout d’abord afin de gommer les disparités au sein de l’Union et au sein des Etats, sources de conflits sociaux. Mais aussi une intégration militaire qui doit voir le jour pour permettre à l’Union de disposer de ressources militaires propres. Ce pas doit être franchi, et c’est le sens de ce prix Nobel, pour que l’Union assure définitivement la paix sur le vieux continent.
Enfin, si l’Union a garanti la paix dans son espace intérieur, force est de constater que son rôle dans les conflits extérieurs reste minimal. Malgré l’existence d’un service européen pour l’action extérieur, l’Union reste un acteur diplomatique mineur. Les Etats membres refusent de voir l’évidence : seul l’Union peut avoir du poids sur la scène internationale. Le refus d’un siège unique dans les instances internationales prive l’Union d’efficacité dans sa volonté de pacification. Ainsi, ce prix Nobel incite les gouvernements nationaux à construire une diplomatie européenne efficace et intégrée pour que l’union devienne un symbole de paix, plus seulement sur le continent européen mais partout dans le monde.
Cette union diplomatique et militaire devra se faire en lien étroit avec une intégration politique. Le gouvernement européen responsable devant les citoyens assurera la direction de cette « force pacifique européenne ».
1. Le 17 octobre 2012 à 06:58, par Statler et Waldorf En réponse à : Le Nobel de la paix récompense les acquis en obligeant l’Union à plus
Je trouve ce communiqué bien léger.
Il ne rappelle pas d’une part pourquoi l’Union européenne a maintenu la paix : elle n’est pas un simple traité de l’Elysée venant déclamer des principes de bonne volonté mais la mise en commun de ressources sous l’autorité d’une institution supranationale dans un projet à vocation fédérale : là est l’originalité de l’initiative qui eut été sans cela une Société des Nations régionales comme l’est devenu la première tentative d’organisation européenne, le Conseil de l’Europe dont l’échec a été constaté dans les années suivant son lancement.
Par ailleurs je vois mal le lien, dans votre argumentaire entre le Nobel de la paix et le renforcement des instruments de défense et de diplomatie. Je vois pour ma part ce que vous avez peut être voulu dire mais il manque une liaison logique dans le texte.
Enfin, « obliger l’Union à plus » ce n’est pas que renforcer ces instruments indigents ou quasi-inexistant mais souligner que leur mise en place impliquerait aussi la construction d’une union politique démocratique c’est à dire fédérale. Une évidence pour vos lecteurs habituels, mais ne vous adressez-vous qu’à ceux-ci ?
2. Le 17 octobre 2012 à 09:43, par Jonathan Leveugle En réponse à : Le Nobel de la paix récompense les acquis en obligeant l’Union à plus
@Statler et Waldorf Je suis bien d’accord avec votre premier point.
Renforcer la diplomatie européenne permettrait à une Union fédérale de poursuivre plus efficacement ses objectifs de paix à travers le monde. Tel est le sens de ce communiqué.
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