Au sein de l’Union européenne, nous importons actuellement plus de 50 % de l’énergie dont nous avons besoin. La facture s’élève à environ 400 milliards par an, soit plus d’un milliard d’euros par jour. Outre la dimension économique, il existe également une dimension politique relative au gaz russe étant donné que plusieurs États membres de l’est de l’Union européenne dépendent totalement d’un seul producteur de gaz, voire même d’une seule route d’approvisionnement.
Au cours de ces dix dernières années, ces questions ont été soulevées à la fois au niveau national et au niveau européen. Au sein de l’Union européenne, on s’accorde sur le fait que la gestion de la demande énergétique et l’utilisation accrue de ressources énergétiques locales – dont des énergies renouvelables – permettraient d’améliorer la situation. D’un point de vue économique, cela réduirait les dépenses opérationnelles (ex. : le coût de l’essence), mais nous obligerait en même temps à augmenter nos dépenses en capital (ex. : investissements dans les nouvelles technologies et les énergies renouvelables). Une telle transition nécessite des conditions politiques stables et la mise en place d’un programme avec des objectifs stables pour les décennies à venir.
Des économies par milliards grâce à l’efficacité énergétique
Les analyses effectuées dans le cadre du projet européen « Towards 2030 » ont montré que des efforts ambitieux en matière d’efficacité énergétique dans les douze pays situés à la frontière à l’est de l’Union européenne pourraient faire baisser les besoins en gaz de 14 %, ce qui permettrait une économie annuelle nette de 3,5 milliards d’euros. En outre, augmenter la part des énergies renouvelables conduirait à baisser les besoins en gaz de ces pays de 6 % de plus. Même pour les énergies renouvelables, les bénéfices à moyen terme priment sur les dépenses — à condition que les aides aux fournisseurs d’énergies renouvelables soient octroyées de manière concurrentielles et efficaces, ce qui n’a pas toujours été le cas par le passé, générant de la sorte des coûts élevés et superflus.
Amélioration des coopérations transfrontalières
Le Conseil européen a récemment fixé les objectifs énergétiques et climatiques à atteindre entre 2020 et 2030. Toutefois, il n’existe toujours aucun consensus sur les contributions individuelles de chaque État membre et sur la manière dont ceux-ci doivent collaborer afin d’atteindre ces objectifs à moindre coût. La coopération transfrontalière est conseillée dans le secteur de l’électricité vu qu’elle peut amener des économies substantielles. L’Allemagne utilise d’ores et déjà des lignes à hautes tensions aux Pays-Bas, en Belgique et en France, afin de transporter de l’énergie éolienne du nord vers le sud de l’Allemagne. Ceci dit, une coopération entre pays permet de baisser les coûts liés à l’intégration des énergies renouvelables. Le coût nécessaire pour rééquilibrer la variabilité des énergies éolienne et solaire diminue lorsqu’il existe une dispersion géographique des sources d’énergie, tout simplement parce que les conditions climatiques ne sont pas partout les mêmes en Europe. Par exemple, il peut y avoir très peu de vent en Allemagne et dans le même temps des vents violents en France, ou vice versa. Par ailleurs, il est peu probable qu’il n’y ait aucun vent dans les deux pays au même moment.
Actuellement, il n’existe pas de politique énergétique européenne. L’achèvement du marché intérieur européen pour l’électricité et le gaz s’avère long, car ralenti par la concurrence intra-européenne. Dans le secteur des énergies renouvelables, les Etats membres s’appuieront sur des objectifs purement nationaux jusqu’à 2020, ce qui signifie qu’ils ne seront pas dans l’obligation de coopérer. En raison de notre forte interconnexion, les politiques énergétiques nationales ont également une influence sur les États voisins. Une coopération renforcée a du sens principalement à l’échelle régionale, c’est-à-dire entre des États membres voisins fortement liés.
L’union énergétique, un but politique
Lors de sa prise de fonction, le nouveau Président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a fait de l’Union de l’énergie un des principaux objectifs de la nouvelle Commission. Une coopération plus forte dans le domaine de la politique énergétique ne doit plus simplement être un effet secondaire d’un marché intérieur achevé et d’objectifs climatiques communs. Elle doit devenir un objectif politique assumé à l’échelle européenne. Le vice-président de la Commission Maroš Šefčovič a affirmé le 25 février 2015 que le particularisme actuel reposant sur 28 solutions non-coordonnées n’était pas efficace et ne pouvait perdurer sous cette forme. Des interventions du marché à l’échelle nationale compliquent la concurrence transfrontalière. Afin d’inverser cette tendance, la Commission envisage de soutenir des initiatives régionales, sous forme de groupes d’États membres, disposés à mettre en accord leurs politiques nationales. Les critiques redoutent que la fragmentation de la politique énergétique se cimente, notamment entre l’ouest, l’est et le sud de l’Europe. Ce risque peut être amoindri si l’Union européenne accepte de jouer un rôle de coordinatrice, en édictant des lignes politiques claires.
Il reste à patienter avant de savoir quelles sont les marges de manœuvre de la nouvelle Commission et si elle est en mesure de porter et d’instaurer cette Union de l’énergie. C’est toutefois une bonne nouvelle pour tous les citoyens européens de voir que la Commission européenne accepte finalement que l’énergie est trop importante pour être ignorée.
1. Le 26 mars 2015 à 12:12, par El gaucho francés En réponse à : Le temps d’une politique énergétique européenne est venu
Il est complètement illusoire d’imaginer une Europe de l’énergie car chaque pays a un mix énergétique (part de chaque source d’énergie dans la production totale) différents : la France est très nucléaire alors que la Pologne a une électricité venant de la lignite. http://www.geopolitique-geostrategie.fr/img/new.jpg De plus, nous avons des relations très différentes avec les producteurs : les pays de l’ex bloc soviétique ont des relations compliquées avec la Russie alors que, grâce à son histoire et sa politique arabe, la France entretient d’assez bonnes relations avec les pays de l’OPEP et les producteurs d’uranium.
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