« Voice of Europe »
Le média tchèque Voice of Europe était responsable de la diffusion de la propagande russe au sein de l’Union européenne. Pour l’instant, il a été fermé par les autorités tchèques. Le site web était détenu par Viktor Medvedtchouk, un oligarque ukrainien très proche de Vladimir Poutine. L’oligarque a été arrêté en Ukraine en 2022, mais relâché dans le cadre d’un échange de prisonniers russo-ukrainien.
Les activités de Voice of Europe ne se limitaient pas à la simple diffusion de la propagande russe au sein de l’UE. Selon l’enquête, ce média aurait organisé deux débats dans l’enceinte du Parlement européen, sans avoir l’accréditation nécessaire.
Selon les informations obtenues par Le Point, c’est Maximilian Krah, un député européen allemand appartenant au groupe politique d’extrême droite Identité et démocratie, qui aurait réservé le plateau technique pour ces débats. Au niveau national, il est affilié au controversé parti d’extrême droite Alternativ für Deutschland (AfD). Parmi les participants à ces débats, on trouve des hommes politiques ouvertement favorables au régime russe. Parmis lesquels, Thierry Mariani, un député européen français appartenant au même groupe parlementaire mentionné ci-dessus, ainsi que Marcel de Graaff, un député européen néerlandais. Cependant, leur proximité à Vladimir Poutine ne prouve pas nécessairement que ces députés ont été payés directement par la Russie.
Les députés mentionnés ont nié tout lien avec Voice of Europe, ainsi que toute implication injustifiée de la part de la Russie.
Russiagate
Pourtant, dans les médias, ce scandale est déjà connu sous le nom de Russiagate. Il y a près de deux ans, l’affaire de corruption Qatargate a secoué le Parlement européen. Maintenant, à deux mois des élections européennes, la Russie est soupçonnée d’avoir corrompu des eurodéputés.
Les services de renseignement tchèques auraient obtenu un enregistrement audio confirmant la réception de 25 000 euros d’un réseau pro-russe par un membre du parti d’extrême droite allemand AfD. Pour l’instant, aucune preuve formelle n’a été présentée. Des enquêtes sont en cours dans toute l’UE à ce sujet.
Une réaction « timide »
Malgré l’ampleur médiatique de cette affaire, la réaction du Parlement européen a été qualifiée de « timide », comme l’a souligné le journaliste Fabien-Jannic Cherbonnel. En effet, la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, n’a pas fait de déclaration, laissant son porte-parole s’exprimer à sa place. Pour l’instant, la seule mesure concrète prise par le Parlement est l’organisation d’un débat sur l’ingérence russe qui se tiendra à Strasbourg.
La raison de cette « timidité » s’explique par l’impact potentiel de la participation aux élections européennes. Ces élections suscitent généralement moins d’intérêt que les élections nationales, d’autant plus lorsque les candidats sont soupçonnés de corruption.
Pourtant, si la corruption russe est prouvée, les implications pourraient être bien plus graves que dans le cas du Qatargate. En effet, la Russie est en guerre avec l’Ukraine : un pays européen partageant les valeurs européennes. Sur le reste du continent, la Russie mène également diverses activités subversives : désinformation, cyberattaques ou encore corruption. Une réponse immédiate et efficace est donc nécessaire.
Comment lutter contre l’ingérence étrangère ?
Le scandale du Qatargate a incité l’Union européenne à prendre des mesures contre l’influence étrangère. Le Parlement européen s’est engagé à plus de transparence en rendant publics les contacts entre les eurodéputés et les lobbyistes. Cependant, les récents événements ont montré que ces mesures étaient insuffisantes.
Dans un communiqué de presse, Transparency International EU a souligné que « les députés n’ont jamais pris le processus de réforme au sérieux, ce qui signifie qu’il n’y a toujours pas de surveillance et de contrôle indépendants pour superviser le comportement des députés, ni de sanctions efficaces pour dissuader les comportements inappropriés ».
Pour lutter efficacement contre la corruption et l’ingérence étrangère, une simple enquête interne ne sera pas suffisante. Il est essentiel que le Parlement européen établisse un organe d’enquête externe capable d’intervenir en cas de soupçons d’ingérence et de sanctionner les coupables. Sans cela, non seulement l’image de l’Union européenne sera remise en question, mais aussi son fonctionnement et même son existence.
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