Différentes perspectives pour l’identité européenne
Différentes perspectives concernant l’identité européenne peuvent être envisagées, cela va de la pluralité des identités à l’unique identité. L’une de ces interprétations est "l’Idée Classique" de Paul Valéry, qui posa que l’identité européenne requiert tous les Hommes et tous les territoires pour être successivement romanisée, christianisée et soumise à la discipline des Grecs ; les Hommes devraient posséder les habitudes grecques, être habitués au système légal Romain et comprendre la religion chrétienne. Par ailleurs, un système politique démocratique est important en regard de cette idée classique.
Une autre définition d’une identité strictement européenne fut élaborée par Karl Mannheim, qui vit l’identité européenne comme faisant partie d’une culture et d’une condition politique, intellectuelle et morale communes avec des coutumes, des mœurs ou des traditions religieuses communes, désintéressés des différences entre les peuples. La définition classique présente des similitudes avec la définition de Mannheim. Mais le point de vue, tel qu’il est décrit par le sociologue Ash Amin, est différent. Selon Amin, la conception classique de Valery mène à une autorité despotique incapable de gouverner ceux qui sont différents sans les soumette à sa propre compréhension de la réalité. Il soutient que la société actuelle qui se compose de personnes de milieux différents tels que des européens et des non-européens, de confessions différentes et ayant des coutumes différentes, ne devrait pas être mise de côté dans une Europe moderne. Amin craint que des personnes haut placées détournent l’identité européenne classique pour réduire les étrangers au statut de sous-citoyens.
L’identité européenne : aussi pour les réfugiés ?
Quand on observe les différentes conceptions de l’identité européenne en se plaçant du point de vue des réfugiés, on remarque qu’il est difficile de se placer au sein de la définition classique. En effet ces réfugiés ne s’assimilent pas au système juridique romain, dans la plupart des cas ils ne comprennent pas la religion chrétienne, et ils sont parfois habitués au despotisme plutôt qu’à la réelle notion de démocratie. La conception de Karl Mannheim qui est assez similaire à la définition classique, montre alors un choc des cultures entre les européens et les réfugiés venant de l’extérieur. Cependant, si on prend en considération la vision de Ash Amin, elle se prête mieux à l’idée que se fait le réfugié sur la définition de l’identité européenne. Il affirme que l’Europe moderne est avant tout une Europe cosmopolite, avec des cultures et des contextes divers, qui inclut donc les réfugiés syriens mais aussi les autres immigrés provenant du Moyen-Orient, leur permettant alors de se retrouver dans cette définition.
La situation concernant les réfugiés a aussi généré des tensions à l’Ouest et à l’Est de l’Union européenne, provoquant un choc culturel inter-européen, avec une Europe de l’Ouest plus accueillante que celle de l’Est. La réponse à cette situation pourrait être trouvée dans l’analyse matérielle historique d’Andreas Bieler. Il affirme que dans les années 90, après l’implosion de l’URSS, l’Ouest a commencé une expansion orientale permettant aux sociétés des pays de l’ancien bloc soviétique de se tourner vers une forme de société capitaliste et libérale. Mais comme c’est encore relativement récent, les mentalités de ces « sociétés au style archaïque » sont toujours ancrées dans le passé, ce qui rend difficile l’intégration des réfugiés de cultures différentes.
Les événements récents impliquant les immigrés tels que les viols, la criminalité et le harcèlement envers des minorités font penser que la théorie d’Ash Amin ne fonctionnerait pas en pratique et de ce fait, la théorie classique ainsi que celle de Karl Manheim semblent plus adéquates pour comprendre la situation. L’Europe aurait recueilli un trop grand nombre de réfugiés qui n’auraient aucune idée de ce qu’était l’Europe et qui, en n’adaptant pas leurs valeurs et principes au mode de vie européen, la menaceraient. Cependant, certains réfugiés manifestent une volonté de s’adapter à leur nouveau pays et ceux-là seront toujours les bienvenus. Toutefois, il est difficile de déterminer qui a la volonté de s’adapter et qui ne l’a pas quand tous viennent en Europe à bord de rafiots.
De plus, Ash Amin pourrait avoir raison concernant le fait que la théorie classique peut faire augmenter le despotisme dans les sociétés, comme on peut le voir de nos jours avec la montée, en Europe, des partis d’extrême droite alors que le despotisme est totalement anti-européen, montrant un autre aspect négatif lié à l’actuelle crise des réfugiés.
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