Liverpool, une ville européenne hôte de l’Eurovision 2023

, par Jérôme Flury

Liverpool, une ville européenne hôte de l'Eurovision 2023
Face à la Mersey, sous les nuages gris fréquents en Angleterre, Liverpool présente des bâtiments, peut-être un peu froids mais néanmoins majestueux. Jérôme Flury

Après la victoire de l’Ukraine au concours 2022 de l’Eurovision et devant l’impossibilité d’organiser l’édition 2023 dans le pays en guerre, c’est l’Angleterre qui a été choisie comme solution de repli et Liverpool désignée comme ville hôte. L’occasion de mettre un coup de projecteur sur une ville très intéressante et résolument tournée vers l’Irlande et l’UE.

1er juin 2019. Sous le ciel étoilé de Madrid, dans l’Estadio Metropolitano, Jordan Henderson, capitaine anglais de Liverpool, brandit le trophée de la Ligue des champions de football que vient de remporter son club à l’issue d’une finale entre Britanniques. En effet, pas de Brexit dans le football, c’étaient les joueurs de Tottenham, club de Londres, qui venaient de chuter 2-0 face aux “Reds”.

Ce soir-là, Liverpool a un peu plus écrit sa légende et confirmé son statut de meilleur club du Royaume-Uni sur la scène continentale, en décrochant sa sixième coupe d’Europe. Tout un symbole pour une cité qui se sent européenne et avait voté à 58% contre le Brexit trois ans plus tôt.

Des ‘Scousers’ laissés sur la touche

Et rien d’étonnant à cette proportion, à regarder le passé de la ville. Elle a longtemps souffert d’une mauvaise image dans son pays, où ses habitants, les “Scousers” (terme désignant l’accent des locaux mais aussi un mets typique de la classe ouvrière), étaient méprisés par une partie des Anglais.

« La ville doit son renouveau, dans les années 1990, à un soutien massif de l’Europe, alors que Londres lui tournait le dos », rappelle la journaliste Agnès Rotivel dans la Croix. Et c’est même un dos à dos puisque « Liverpool a toujours eu envie de regarder vers l’extérieur, en tournant le dos à Londres », lâche John Belchem, professeur émérite d’histoire à l’université de la commune, dans des propos rapportés par le Financial Times. « C’est une ville celtique, qui aurait bien aimé être le 33e comté de l’Irlande ou rejoindre une Écosse indépendante. »

Coin d’Angleterre ayant prospéré grâce au commerce maritime, comptant plusieurs quartiers ouvriers, Liverpool s’appuie toujours sur le football parmi ses piliers. Une simple visite d’Anfield (stade de Liverpool, club fondé en 1892) ou du Goodison Park (stade d’Everton, district de la ville et club de football fondé en 1878) le rappelle alors que les deux enceintes sont séparées d’à peine plus d’un kilomètre.

Mais sinon, Liverpool a pas mal changé et un peu dépoussiéré son image. Ce qui a pris du temps, comme le rappelle La Croix, et est passé par des sacrifices. « En dix ans (1972-1982) 80 000 emplois sont perdus du fait de la fermeture des docks. » Aujourd’hui, si la brique rouge est toujours largement visible dans de nombreux arrondissements de la commune, son centre ne vibre plus au rythme des chargements de bateaux.

Même si, comme de nombreuses villes anglaises, le centre-ville peut être qualifié de ‘joyeux mélange architectural’, de grands bâtiments blancs font face à la Mersey, les rues sont propres et accueillantes et les musées sont nombreux. Impressionnant lorsque l’on sait qu’en 2003, comme le rapporte Courrier International, « Liverpool figurait encore dans le top 10 de Crap Towns, un guide recensant “les pires endroits où vivre au Royaume-Uni” » !

Une colossale aide européenne

L’Union européenne (UE) y est pour beaucoup, comme le précise Agnès Rotivel. « Parce qu’elle figure au triste palmarès de région la plus pauvre d’Europe, la cité ouvrière se voit attribuer en 1994, 803 millions d’euros de fonds européens. (...) Suivront un pactole de 1 068 millions d’euros en 2000 puis 804 millions d’euros en 2007, qu’elle partage avec la région du Nord-Ouest. Enfin, 517 millions d’euros supplémentaires lui ont été attribués entre 2014 et 2020. »

En ce début 2023, Liverpool se prépare. Elle s’apprête à accueillir la phase finale de l’Eurovision du 9 au 13 mai et cela semble convenir à merveille à cette ville qui chérit sa culture et glorifie le groupe qui l’a aussi rendue célèbre : les Beatles. Ils sont partout ! Dans le ‘musée de Liverpool’, dans un autre musée qui leur est entièrement dédié ou encore au ‘British Music experience’. Un seul lieu en Angleterre a obtenu le titre de capitale européenne de la culture depuis 1985. Devinez lequel…

La ville de 500 000 habitants a donc beaucoup évolué. A tel point qu’elle a vu son port perdre le titre de site classé au patrimoine mondial de l’Unesco en 2021. Mais une chose reste sûre : elle ne voulait pas quitter l’Union européenne. Sa population compte une grande part d’Irlandais, tant qu’elle est parfois surnommée la “seconde capitale de l’Irlande”. Wendy Simon, qui a occupé le poste de maire par intérim quelques mois début 2021, considère même que « les liens vont se renforcer encore du fait du Brexit. » En attendant, les Scousers se préparent pour l’Eurovision, dont les billets ont été vendus en moins d’une heure. Vivement le 9 mai !

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