“L’Européen est plus conservateur et moins vert qu’il y a un an”. C’est le titre d’un article paru dans le journal belge L’Écho qui montre que la gauche a perdu des points dans les sondages en faveur de la droite par rapport aux élections européennes de mai 2019. Les Verts en particulier verraient leur score dégringoler si l’élection européennes s’était tenue fin mai 2020, alors que le scrutin européen avait été une excellente surprise, notamment pour les Verts allemands qui sont arrivés deuxième avec 20% des voix. Une percée à relativiser toutefois puisque cette “vague verte” est restée cantonnée à l’Europe occidentale.
La crise du coronavirus ne semble donc pas avoir aidé les formations écologistes, malgré le lien de plus en plus manifeste entre la crise de la COVID-19 et la crise écologique globale.
Au Parlement européen, le groupe des Verts/Alliance libre européenne (Verts/ALE) est la 5ème formation représentée, derrière le Parti Populaire Européen, les Socialistes et Démocrates, les Libéraux de Renew et la droite nationaliste d’Identité et Démocratie. Actuellement composé de 67 eurodéputés, le groupe a pâti du départ de 7 députés britanniques au 31 janvier 2020, date officielle du Brexit politique.
Contexte morose donc, mais qui ne semble pas entamer l’espoir du Parti Vert européen qui tenait son assemblée générale ce weekend. La conférence de presse en ligne, à laquelle ont participé Le Taurillon et son édition anglophone The New Federalist, a permis aux deux porte-paroles du Parti Vert européen, la Belge francophone Évelyne Huytebroeck et l’Autrichien Thomas Waitz, de présenter la position du parti sur un certain nombre d’enjeux brûlants d’actualité.
Coronavirus et écologie, une crise peut en cacher une autre
Évelyne Huytebroeck est catégorique : “[la crise du coronavirus] est la pire crise que nous avons subie depuis longtemps [...] c’est un véritable électrochoc”. Pour elle, cette assemblée générale est très importante pour s’interroger sur la situation générale de ces derniers mois et des conséquences économiques, sociales et environnementales du coronavirus. Car les deux crises sont liées, n’en déplaisent à ceux qui voient le coronavirus comme une occasion de mettre la lutte contre le changement climatique entre parenthèses. “Nous avons toujours eu à expliquer le lien entre le climat et les questions sociales et de santé”.
Thomas Waitz abonde dans ce sens. “Ce que nous vivons aujourd’hui, c’est une crise collective. C’est un signal qui doit nous alerter sur la crise encore plus grave qui arrive et dont nous sentons déjà les effets”. L’eurodéputé autrichien insiste notamment sur l’importance de la solidarité dont l’UE a fait preuve, en particulier via le fonds “Next Generation EU” annoncé le 27 mai dernier par la Commission européenne. Pour lui, ce plan de relance devra avoir une réelle dimension verte car c’est plus que jamais le moment de “s’attaquer à la crise environnementale”.
Les deux porte-paroles du Parti Vert européen, Thomas Waitz et Évelyne Huytebroeck. Crédit : Parti Vert européen
La solidarité au niveau européen n’est pourtant pas innée, le groupe des 4 frugaux (l’Autriche, les Pays-Bas, le Danemark et la Suède) s’étant positionné contre la mutualisation des dettes au niveau supranational et les transferts budgétaires. Les négociations qui vont formellement commencer le 18 juin s’annoncent donc très ardues. Il reste à savoir également si ces divergences ne vont pas non plus conduire à une énième crise du projet européen, déjà fragilisé à de nombreuses reprises par le passé. La récession sur toute l’année 2020 s’annonce la plus profonde depuis la fin de la seconde guerre mondiale.
Après la tempête, l’espoir
Toutefois, il ne faudrait pas sombrer entièrement dans le pessimisme. Évelyne Huytebroeck rappelle ainsi que le Parti Vert “[doit] s’engager pour la création d’emplois après cette crise”. “Je suis convaincu que les Verts peuvent revenir plus forts grâce à cette crise”. Thomas Waitz confirme en affirmant que “le mouvement vert européen est un succès, les retours des citoyens sont excellents. Il sera encore plus fort aux prochaines élections”.
Le porte-parole a également rappelé la bonne performance des gouvernements où les Verts sont présents dans la gestion de la crise de la COVID-19. Les partis écologistes sont en effet surtout présents dans les gouvernements régionaux, en particulier en Allemagne, et il est vrai que les collectivités locales ont plutôt bien géré la crise au vu des moyens dont elles disposaient.
Le plan de relance “Next Generation EU” sera donc la prochaine opportunité à saisir pour le Parti Vert européen qui le voit comme “une occasion unique pour relancer, repenser nos sociétés et notre économie [...] les gens manifestent pour sauver le climat et pour exiger une société plus juste. La crise que nous vivons est une crise globale et les Verts veulent aussi apporter une réponse globale”.
Pour Évelyne Huytebroeck, malgré le peu de détails sur le plan de relance, il est essentiel que l’argent mobilisé soit utilisé de la manière la plus efficiente possible. Ces sommes considérables “vont créer une dette pour les générations futures”, dette dont il faut commencer à s’acquitter dès maintenant en s’attaquant à la crise climatique. Une approche qui se veut en faveur des jeunes donc, dont on sait qu’ils seront les plus touchés par les conséquences économiques du coronavirus.
Suivre les commentaires : |