« Oi maamme, Suomi, synnyinmaa ! Soi, sana kultainen ! » (« Ô notre pays la Finlande, pays natal ! Résonne, ô parole d’or »). Dès les premières paroles de l’hymne finlandais, composé en 1846 par le poète suédophone Johann Ludvig Runeberg, l’on peut sentir tout l’attachement du peuple à leur patrie et à ses paysages de grandes étendues lacustres scintillantes sous le soleil de minuit en été, ou bien gelées sous d’immense champs de neige et de glace en hiver.
Ce sont ces caractéristiques géographiques et climatiques qui ont donné naissance au drapeau finlandais contemporain, aussi appelé Suomen lippu, ou encore Siniristilippu (drapeau à la croix bleue). Proposé en 1918 à l’occasion de l’indépendance de ce qui était à l’époque le royaume de Finlande, « état-client » de l’empire allemand, ce drapeau bicolore a survécu à la chute de la monarchie et à l’avènement de la république.
Celui-ci est d’ailleurs connu dans le monde sous sa forme simple, mais également avec le « blason au lion », un emblème rouge doté d’un lion doré brandissant une épée, placé au centre de la croix bleue. Une version que l’on retrouve en particulier dans les ambassades et les consulats finlandais à travers le monde.
La croix scandinave, symbole régional séculaire
La principale caractéristique du drapeau finlandais est bel et bien la croix scandinave… curieux symbole quand on sait que le pays ne fait pas partie de la Scandinavie d’un point de vue géographique comme culturel (la langue finnoise n’est ni une langue germanique septentrionale, ni même une langue indo-européenne). Les premiers siècles de l’histoire du territoire finlandais ont toutefois été marqués par l’occupation suédoise du XIIIème siècle jusqu’au début du XIXème siècle, lorsque celui-ci a été cédé aux Russes en pleines guerres napoléoniennes.
La croix scandinave est pourtant bien plus ancienne. La légende la plus communément admise aime rappeler que ce serait le Roi danois Valdemar II, combattant les Estoniens païens au début du XIIIème siècle, qui aurait vu sa tunique recouverte de sang à l’exception de l’endroit où se trouvaient sa ceinture et son baudrier, formant ainsi une croix blanche sur fond rouge. Le drapeau du royaume du Danemark est ainsi l’un des plus anciens du monde et a inspiré celui de bon nombre de ses voisins.
Succession de drapeaux depuis 1848
Pourtant, la Finlande n’a pas toujours disposé de son drapeau actuel. Le premier emblème national a été proposé en 1848, la même année que l’hymne « Maamme » et se composait du « blason au lion » entouré d’une couronne de laurier, le tout sur un fond blanc. Un symbole fort dans le contexte de l’éveil national finnois et finlandais dans le Grand-Duché de Finlande.
De nombreuses alternatives ont été proposées jusqu’en 1918 et ont toujours été composées à partir de deux modèles distincts. Le premier reprend les couleurs actuelles blanche et bleue, tandis que le deuxième préfère mettre en avant le rouge et l’or, comme le dessin ci-dessous le montre très bien. On retrouve également très souvent le « blason au lion », dont les origines remontent au XVIème siècle : quelques années avant sa mort, le grand roi suédois Gustav Vasa avait octroyé à son fils Jean III le titre de duc de Finlande, lui transmettant ainsi ce blason passé à la postérité.
« Tavataan torilla »
Aujourd’hui, les Finlandais se sont pleinement appropriés leur drapeau qui possède même une dimension presque sacrée. En effet, la loi interdit de l’abîmer ou de l’utiliser de manière irrespectueuse, ou même de l’utiliser sans permission. De manière encore plus curieuse, la coutume veut qu’après un lavage, le drapeau doit être séché obligatoirement à l’intérieur. Si par malheur le drapeau touche le sol, il devra être brûlé immédiatement. Enfin, il ne doit pas être enterré ni jeté à la mer.
De nombreuses restrictions juridiques et coutumières qui n’empêche pas pour autant ce symbole de la nation nordique d’être brandi durant des événements bien « profanes », comme lors des manifestations sportives. Une expression est ainsi souvent associée aux grands rassemblements sportifs et culturels où l’on de nombreux drapeaux : « tavataan torilla » (on se retrouve au marché), expression signifiant « bonne chance ». Par ce biais, le drapeau finlandais s’est fait une place dans la culture populaire.
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