Le changement l’emporte sur la continuité
Marcel Wollscheid - rédacteur en chef du magazine treffpunkteuropa.de
« La Pologne a voté pour le changement contre la continuité. L’ancien président Komorowski a cédé le pas après une campagne en demi-teinte, permettant à l’outsider Andrzej Duda de prendre le dessus. 60% de la génération des 18-29 ans a voté pour Duda. Cette génération n’a pas assez profité du miracle économique polonais de ces dernières années.
La victoire de Duda pourrait entraîner un virage dans le parcours de la Pologne au sein de l’Union européenne : refroidissement des relations avec l’Allemagne et la France, renforcement des liens avec le gouvernement conservateur britannique opposé à une plus grande intégration, etc.
Concernant les élections parlementaires de l’automne prochain, la grande question sera de savoir si le parti de Duda continuera sur sa lancée avec un retour annoncé de Jaroslaw Kaczyński. »
Nouvelles tensions avec Bruxelles ? Wait & see...
Thomas Lymes - rédacteur du magazine Le Taurillon
« La Pologne a amorcé un virage politique en élisant un président conservateur pour les cinq années à venir. Le président sortant, Bronisław Komorowski, n’a pas su gagner la confiance des électeurs durant le dernier tour de l’élection présidentielle. Si Andrzej Duda sera le nouveau chef d’Etat polonais, les Européens devront également scruter les élections législatives polonaises qui se tiendront à l’automne prochain, pour voir si la tendance se confirme. Durant cette campagne, les questions sociales telles que l’âge des retraites, la conditions des jeunes ont été soulevées par le candidat de Droit et Justice, ce qui lui a permis de faire la différence.
Cependant, les positions de Duda sur l’Europe doivent être prises au sérieux. Après des années de politiques libérales mises en œuvre par Plateforme Civique, le nouveau président veut s’orienter vers une politique économique plus protectionniste, ce qui pourrait créer certaines tensions avec Bruxelles. Les Etats membres ne devront pas non plus marginaliser la Pologne dans les négociations avec la Russie, car Duda prône une approche plus forte, qui pourrait ne pas inclure ses partenaires européens.
Une autre problématique pour l’Union européen sera celle de convaincre la Pologne de mettre en œuvre sa politique environnementale. Jusqu’à présent, le nouveau président s’est montré réticent sur le sujet. Cette question est d’autant plus importante du fait de l’importance pour les Européens d’apparaître unis lors de la COP21, qui aura lieu à la fin de l’année à Paris. »
Une opportunité perdue pour la Pologne
Christopher Powers - rédacteur en chef du magazine The New Federalist
« Nombreux sont ceux qui furent surpris par le résultat de l’élection. Pour moi, c’est une opportunité manquée pour la Pologne. L’élection de Duda signifie un pas de plus vers le nationalisme et un pas de moins vers la coopération européenne. La Pologne pourrait être la voix porteuse de l’Est du continent. Elle pourrait être une référence morale pour l’Union sur des problématiques telles que l’Ukraine et l’égalité.
Je comprends que les Polonais soient pessimistes mais c’est seulement dû en partie au manque de choix entre les candidats. J’aimerais demander à la jeunesse polonaise de contribuer à rendre le pays plus dynamique. Ceci afin de lui rappeler que la pays a gagné en puissance depuis les vingt dernières années tandis qu’il s’intégrait au sein de l’Union européenne. Le futur de la Pologne est européen et le futur de l’Europe résidera dans sa capacité à maintenir la paix à l’Est. Espérons que les élections parlementaires amèneront un meilleur résultat que celui de ces élections. »
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