Pour que le Parlement rejette la candidature d’Ursula Von der Leyen à la présidence de la Commission

, par Rémi Lauwerier

Pour que le Parlement rejette la candidature d'Ursula Von der Leyen à la présidence de la Commission

A une semaine du vote du Parlement européen sur la candidature d’Ursula von der Leyen pour la présidence de la Commission européenne, Rémi Lauwerier signe un édito dans le Taurillon.

Pour sauver une démocratie européenne mise à mal par le Conseil européen, le Parlement doit rejeter la proposition faite pour la présidence de la Commission européenne [1].

Après 48 heures de négociations marathon secrètes et de scénarios plus rocambolesques les uns que les autres, le Conseil européen a décidé mardi 2 juillet 2019, à huis clos, de proposer Ursula Von der Leyen, actuelle ministre allemande de la défense comme future présidente de la Commission européenne. Cette décision arbitraire est inadmissible.

Ursula Von der Leyen n’a jamais été candidate aux élections européennes, et encore moins tête de liste d’un parti européen. Sa nomination par le Conseil ne respecte donc pas le principe de Spitzenkandidaten, qui veut que le Président de la Commission soit nommé parmi les candidats têtes de listes ayant fait campagne auprès des électeurs, comme cela s’est produit en 2014. Surtout que le choix est large parmi les personnalités qui respecteraient ce principe. Margrethe Vestager (tête de liste du parti libéral ADLE, actuelle commissaire à la concurrence) ou Ska Keller (tête de liste du parti vert européen) sont autant de candidates potentielles à la présidence de la Commission. Elles respectent tous les critères élémentaires de la démocratie européenne.

Malgré de réelles qualités personnelles et professionnelles, Ursula Von der Leyen, ne représente en rien le vote des citoyens européens qui se sont déplacés massivement dans les bureaux de vote le 26 mai dernier. Parce qu’aucun parti n’a obtenu de majorité absolue à l’issue du scrutin, la tête de liste du parti européen la plus à même à former une majorité au sein du Parlement devrait logiquement être nommée à la présidence de la Commission. La majorité ainsi trouvée au sein du Parlement devrait se fonder sur un accord de coalition qui indique clairement les orientations politiques à donner à l’Union européenne. Le respect du principe de Spitzenkandidaten, couplé à un accord de coalition, est le seul moyen de garantir que l’orientation donnée par les électeurs pour l’avenir de l’Union européenne soit respectée.

La nomination d’Ursula Von der Leyen reviendrait à confier le pouvoir exécutif de l’Union européenne à une marionnette manipulée directement par les chefs d’Etat, en premier lieu par la chancelière Allemande Angela Merkel. Plus qu’inquiétant quand on constate que les chefs d’Etat européens sont incapables de prendre une décision, paralysés par l’unanimité nécessaire au sein du Conseil, et englués dans la défense égoïste de leurs intérêts nationaux. Comme l’a rappelé l’Union des Fédéralistes Européens (UEF) « ces derniers jours ont à nouveau démontré l’inadéquation de l’intergouvernementalisme, système inefficace et indigne d’une véritable démocratie européenne ». Les députés européens ne doivent donc pas craindre une crise au cours de l’été, car le Conseil en serait le seul responsable.

Nos élus au Parlement européen ont le devoir de rejeter la proposition faite par le Conseil. Il en va de la crédibilité de l’institution et du respect du vote de plus de 300 millions d’électeurs.

Notes

[1Conformément à une résolution adoptée par celui-ci en février 2018 où il indiquait être prêt à rejeter tout président de la Commission qui serait désigné sans avoir été tête de liste d’une famille politique aux élections européennes 2019.

Vos commentaires
  • Le 10 juillet 2019 à 14:08, par Jacques FAYETTE En réponse à : Pour que le Parlement rejette la candidature d’Ursula Von der Leyen à la présidence de la Commission

    Il y a un principe de Spitzenkandidat qui est tiré de la pratique politique allemande et il y a la nomination d’un président de la Commission par le Conseil européen, soumise à la ratification du Parlement et précisée dans un traité convenu entre 28 pays. En tout état de cause un Spitzenkandidat ne figurait que sur les bulletins de vote de l’un des 28 pays. Que le système actuel ne soit pas satisfaisant c’est concevable mais que des fédéralistes se battent contre une responsable politique n’ayant pas hésité à se déclarer fédéraliste me laisse pantois. Il est vrai que dans la tradition française, on s’intéresse plus aux procédures qu’aux personnes.

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