En tant que citoyens Européens, nous sommes chez nous partout dans l’Union européenne. Les dispositions des traités permettant le vote des citoyens de l’Union là où ils résident et leur éligibilité au Parlement européen et aux municipales. Cette citoyenneté européenne s’ajoute, pour le moment, à la citoyenneté des États de l’Union, et ne s’y substitue pas. Elle s’acquiert en même temps que la nationalité de l’un de ses États-membres. La valeur de cette citoyenneté supranationale a été mise en lumière avec la perspective du “Brexit”, la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. La perte de droits individuels que les citoyens britanniques résidant dans le reste de l’Europe, qu’ils croyaient acquis, a ainsi suscité une multiplication par sept des demandes de naturalisation dans d’autres pays de l’Union.
Parmi les droits, un des moins visibles reste le droit de vote et d’éligibilité aux élections municipales et européennes dans l’État-membre de résidence. Pourtant on a connu en France plusieurs fois ce cas de figure. Daniel Cohn-Bendit, à l’époque de nationalité allemande uniquement, était tête de liste des Verts en France en 1999. Ari Vatanen, de nationalité finlandaise, a été élu au Parlement européen en 2004 sur une liste UMP.
Qu’une personnalité de nationalité française se présente à la mairie d’une grande ville européenne, ici la capitale de la Catalogne, va donc dans le bon sens. Il s’agit d’une situation inédite pour une ville de cette importance et pour une personnalité ayant eu ce niveau de responsabilité.
Une situation presque banale
Cette candidature suscite naturellement des critiques.
Les unes portent sur la personnalité clivante de Manuel Valls. « Bon débarras » était ainsi la réaction d’un responsable de l’extrême-gauche française, en apprenant que le candidat avait annoncé dans le même temps l’abandon de son mandat de député de l’Essonne. Localement, on s’inquiète surtout de l’idéologie jacobine et autoritariste portée par le candidat, soutenu par une formation politique de droite, Ciutadans, adepte d’un discours espagnoliste agressif. L’opération de candidature de Manuel Valls vise précisément à détourner le débat municipal sur un clivage unionistes espagnols contre républicains catalans au lieu d’un débat droite-gauche, cette dernière étant souvent en bonne position à Barcelone (la maire sortante est Ada Colau, issue d’un mouvement dans la mouvance de Podemos).
Les autres critiques visaient précisément la perspective d’un cumul des mandats et la perspective de voir un député élu en région parisienne résider et faire campagne dans une autre région. Il est courant de voir des députés en France faire campagne aux municipales sans abandonner leur mandat, souvent mais pas seulement dans le même territoire.
Toutefois, outre pour souligner son caractère nouveau à ce niveau, la candidature d’une personnalité européenne dans un autre État-membre de l’Union semble avoir été perçu comme une évidence. La candidature de Manuel Valls ne veut ainsi porter aucune symbolique européenne, même si c’est en partie une des motivations de Ciutadans. Cette situation presque banale démontre que la dimension européenne de notre citoyenneté se renforce de manière constante et s’implante dans les esprits des Européens. À ce titre, et indépendamment de la personnalité du candidat, il faut aujourd’hui se réjouir de la démarche de l’ancien Premier ministre français.
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