Une nouvelle victoire des extrêmes flamands
Comme le prédisaient les sondages, les gagnants de ces élections fédérales sont à chercher dans le Nord du pays et à l’extrême-droite de l’échiquier politique, qui prend de plus en plus de place dans l’hémicycle.
Avec 17,5% des voix, le N-VA (Nouvelle alliance flamande) améliore légèrement son score mais perd un député (24 sièges conservés), à la faveur d’un système proportionnel complexe. L’autre parti d’extrême droite flamande, le Vlaams Belang améliore son nombre de voix dans les mêmes proportions mais gagne deux sièges pour talonner son rival, avec 20 strapontins.
Si l’on regroupe les formations politiques selon leurs idéologies, les bloc social-démocrate, libéral et chrétien-démocrate arrivent au coude-à-coude alors que les écologistes sont largués.
Les premiers, composés du PS wallon et du Vooruit flamand cumulent 16,86% des voix (la moitié chacun) et occuperont 29 sièges au total. Les libéraux (Mouvement réformateur et Open-VLD) recueillent 16,36% des suffrages et enverront 27 représentants (respectivement 20 et 7) alors que les chrétiens-démocrates (Les Engagés et CD&V) ont convaincu 15,42% des électeurs et s’assureront 25 sièges (respectivement 14 et 11). Le bloc vert (Écolo et Groen) peine quant à lui à rassembler 9% des électeurs et 9 députés fédéraux.
À noter en outre la belle performance de la gauche radicale du Parti des travailleurs de Belgique, seule liste nationale à concourir qui améliore encore son score et obtient plus de 10% des voix et 15 sièges fédéraux. DéFI, parti minoritaire représentant les intérêts francophones, complète le tableau en renvoyant son député.
La coalition Vivaldi perd son chef d’orchestre
Le Premier ministre Alexander De Croo n’a pas attendu le lendemain pour tirer les conséquences des scrutins.
En Wallonie, le parlement bascule à droite avec les bons résultats des Réformistes (30%) et des Engagés (20%), alors que le Parti socialiste continue de perdre des points, au profit du Parti des travailleurs qui rassemble 10% des suffrages, et que les écologistes. s’effondrent. Les bons résultats de l’extrême gauche en Wallonie s’expliquent par le fait qu’elle est une des dernières régions en Europe à ne pas avoir de formations d’extrême-droite, la contestation du pouvoir s’exprime sur les questions économiques et sociales et se porte donc généralement à la gauche du spectre politique.
En Flandre, le N-VA et le Vlaams Belang font jeu égal autour du quart de vote chacun quand les socio-démocrates et les conservateurs gravitent autour des 15%. À l’image du reste du pays, la gauche radicale réalise un bon score, égalisant le nombre de sièges des écolos et des libéraux.
Pour Bruxelles-Capitale, le bloc de gauche conserve la majorité grâce au Parti des travailleurs, qui talonne les socialistes avec 21% des voix alors que les Réformistes récupèrent la première place pour la majorité francophone, tandis que les écologistes néerlandophones des Groen la conserve, dominant les autres formations.
Enfin du côté germanophone, les chrétiens-démocrates de ProDG écrasent la concurrence.
Alexander de Croo était à la tête d’une large coalition englobant les blocs de gauche et libéraux ainsi que le CD&V, soit 7 partis au total, surnommé coalition Vivaldi compte tenu du large éventail de couleurs représentées. Négociée dans la douleur (16 mois auront été nécessaires), la coalition s’est maintenue au pouvoir en se mettant d’accord sur un programme libéral. La présidence du Conseil de l’UE qui venait clôturer la mandature aura peut-être également joué un rôle de ciment compte tenu des nombreuses et larges thématiques développées durant ces 6 mois qui se terminent bientôt (santé, propriété intellectuelle, agriculture…).
Néanmoins, si au niveau fédéral la coalition dépasserait tout juste la majorité (76 sièges sur 150), elle décroche au scrutin européen, dominé une nouvelle fois par les partis d’extrême-droite néerlandophones et alors que l’extrême-gauche arrache la troisième place avec 10%. Les très mauvais résultats du parti de De Croo (l’Open-VLD a vu son score divisé par deux) l’ont obligé à remettre sa démission au roi laissant présager une nouvelle période d’instabilité à la tête du Royaume. En effet, plus les élections passent, plus il semble compliqué d’éviter de passer par une entente avec l’extrême-droite flamande pour obtenir une majorité parlementaire.
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