Qu’est-ce que la mobilité européenne ?

, par Marine Privat

Qu'est-ce que la mobilité européenne ?

En cette semaine de promotion de la mobilité européenne, le Taurillon revient sur les différentes formes de mobilité et ses aménagements. Mais en réalité, qui saurait nous donner précisément une définition de la mobilité européenne ? Loin d’être simple, la mobilité est protéiforme.

Si l’on s’en tient à la définition classique, être mobile, c’est le fait de pouvoir se déplacer dans un espace donné. En réalité, ce n’est pas uniquement ça ! On peut certes se déplacer et passer les frontières, mais on peut aussi « se déplacer » de manière culturelle, par l’intermédiaire de livres, de photographies, de musique. La mobilité européenne est bien plus qu’un simple vol d’avion !

La mobilité géographique, à la découverte de nouveaux territoires

L’Union européenne est une région où la libre circulation des personnes est largement répandue depuis la création de l’Espace Schengen. En effet, pour se rendre d’un pays membre à un autre, il suffit de présenter sa carte nationale d’identité. Exit les passeports, visas et autres formalités pour pouvoir voyager au sein de l’Union ! Tout citoyen européen peut librement s’installer, résider, séjourner, travailler, se faire soigner dans n’importe quel État membre puisqu’il n’y a plus de barrières. Peu importe la raison de votre voyage, vous êtes libres !

Derrière cette idyllique liberté de circuler, il ne faut pas non plus oublier que la mobilité européenne est parfois un luxe. Elle peut ne pas être volontaire, comme lorsqu’une entreprise délocalise sous la pression des coûts de ses concurrents. Comble du luxe, l’Espace Schengen s’apparente à un espace quelque peu élitiste où certains États parviennent à entrer et dont les citoyens peuvent revendiquer leur liberté de circuler, sans visa, sans papiers administratifs formels, compliqués à obtenir. Pour d’autres, la problématique est toute autre : toute personne qui ne serait pas un résident de l’Union devra, pour entrer sur le territoire et y séjourner, présenter certains papiers. Sans revenir sur la polémique actuelle des Roms, citoyens de l’Union européenne, il paraît quand même bon de rappeler que la mobilité géographique n’est pas donnée à tout le monde. Une remarque qui n’est pas sans rappeler l’actuelle campagne de la JEF Europe prônant la libéralisation des visas pour les pays d’Europe de l’Est.

Le fait de voyager, pour une raison ou une autre, nous confronte dans tous les cas au problème de la « barrière de la langue ». Aujourd’hui dans l’Union européenne il n’existe non pas une mais vingt-trois langues officielles. Même si certaines sont plus parlées que d’autres, ce qui amène souvent les partisans de l’Espéranto à dire que l’anglais est privilégié, et qu’ainsi, une seule langue commune, officielle, mélangeant toutes les langues européennes serait la bienvenue. Le projet est noble mais serait-il réellement souhaitable de voir une langue unique, l’Espéranto, remplacer une autre langue unique, l’Anglais ?

Bien que l’Union européenne, pour constituer une « nation », au sens d’Ernest Renan, manque d’une langue commune, en réalité, la diversité des langues fait la richesse de notre territoire européen. Quoi qu’il en soit, il n’en demeure pas moins qu’en l’état actuel des choses, toute personne amenée à se déplacer dans l’espace européen doit avoir des notions dans plusieurs langues. Ceci explique peut-être le succès des programmes institutionnels de mobilité, notamment le programme d’échanges Erasmus, créé en 1987 qui permet aux étudiants de tous horizons de passer plusieurs mois dans un pays européen de leur choix. Moins connu, mais tout aussi nécessaire et intéressant, le programme CIEL offre la possibilité de suivre entre trois et huit semaines de cours intensif, dans un pays européen dont la langue est peu répandue. Les étudiants se familiarisent ainsi avec la langue, mais pas uniquement ! Il s’agit surtout de partir vers l’inconnu, à la découverte d’un nouveau pays, d’une nouvelle culture, certes proche de la nôtre, mais qui a nécessairement ses particularités.

La mobilité culturelle, une autre manière de voyager

Passer les frontières géographiques est une chose, mais, même quand on ne le peut pas, il y a toujours des barrières invisibles que l’on peut traverser. La mobilité européenne est aussi une affaire culturelle : chacun d’entre nous peut aujourd’hui s’il le souhaite aller dans une librairie, et choisir des livres de littérature européenne, des livres en anglais, en allemand, en espagnol, en roumain… La culture européenne circule elle aussi, et depuis chez soi, il est possible de voyager, confortablement assis sur son canapé. Cette forme de mobilité est très large puisqu’elle englobe également la musique, la photographie, et même la mode. Depuis quelques années, on se retrouve dans des festivals européens de musique, de danse… On regarde, ou tout du moins, on connaît le résultat de l’Eurovision, le palmarès du festival du cinéma européen et les artistes en vogue ! Toutes les composantes de la culture nationale de chacun forment une culture européenne émergente. Finalement, cette culture européenne n’est pas sans rappeler la devise de l’Union européenne : « Unie dans la diversité ». Notre diversité est une richesse, et notre union, une force. Renforcée par les symboles de l’Union, elle a pourtant tendance à gommer certaines particularités nationales. Une brèche pour les défenseurs des minorités culturelles. C’est un fait : aujourd’hui dans l’Europe continentale,, certaines minorités sont effacées par la puissance et l’importance de la culture européenne. Chaque contrée lointaine (et pas si lointaine que cela, quand on y pense) a sa culture propre. La « Grande Europe » a tendance à uniformiser les cultures, cultures qu’il faut toutefois, préserver comme des bijoux précieux.

La mobilité européenne, une réelle philosophie, faites-en la vôtre !

Passer des frontières, découvrir une autre culture, une autre langue, de nouveaux lieux : c’est une réelle philosophie ! Discuter avec un Européen allemand qui vous dira que dans tel bar, la bière est la meilleure, avec un Européen belge qui vous dira que les meilleures frites de Bruxelles se trouvent non loin du Parlement européen, ou encore avec un Européen roumain qui vous dira qu’il est possible d’apprendre la danse traditionnelle dans tel endroit. Se faire des amis européens, tout simplement, tel est le véritable sens de la mobilité européenne. La mobilité européenne est bien plus qu’une simple envie de voyager : c’est une philosophie. C’est avoir envie d’échanger, de découvrir l’autre. C’est la curiosité de l’inconnu, c’est partir, avec un billet d’avion, au volant d’une voiture ou à vélo à la rencontre de l’être humain et de son environnement. C’est donner au mot humanité son sens le plus abouti.

Illustration : Drapeau européen

Sources : Lago di Caldonazzo sur Flickr

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