“Le symbole d’une ambition européenne, et aujourd’hui encore la seule politique vraiment intégrée de l’Union” : Franceinfo se montre dithyrambique en février 2020. La Politique agricole commune (PAC), puisque c’est d’elle qu’il s’agit, est la première politique européenne en termes de chiffres et a été instaurée pour la première fois en 1962, il y a près de 50 ans. Mais si son importance n’est plus à nier, elle doit toutefois subir une nouvelle réforme prochainement. Et les premiers intéressés, les agriculteurs, ne veulent pas être laissés de côté dans les négociations qui seront menées.
Bien qu’elle assure en moyenne 47% des revenus des agriculteurs français, la PAC est aussi parfois décriée pour ses côtés techniques. Surtout, après le départ du Royaume-Uni de l’UE et avec la multiplication des objectifs environnementaux dans le cadre du Green Deal, une réforme est inévitable. Ce sera loin d’être la première de l’histoire. Cette politique est renégociée tous les sept ans. La plupart du temps, les responsables européens se réunissent autour d’une table, les lobbies s’agitent et les agriculteurs écoutent et appliquent. Mais les choses sont un peu différentes cette fois-ci. Ainsi, chaque Etat membre devra, dans les mois à venir, présenter son plan stratégique national. Cette déclinaison par territoire étatique du programme de la PAC sera ensuite validé par Bruxelles.
Près de 2 millions de participants
Et cette fois, la voix des citoyens se fait entendre. En France, la Commission nationale du débat public (CNDP) sur l’agriculture a organisé une vaste consultation huit mois durant à propos de la PAC. L’objectif était “de prendre le pouls de la population française et du monde agricole sur ce que doivent être les grandes orientations de la prochaine PAC”, comme le développe le journal Le Monde. Et les résultats sont impressionnants puisque 1 876 675 personnes y ont participé d’après les chiffres publiés sur le site Vie Publique.
Débats, assemblée citoyenne sur l’agriculture (ACA), deux phases ont permis de diversifier le public et d’engendrer 1083 propositions au total. Ces suggestions touchent avant tout à la protection de l’environnement, des ressources naturelles et de la biodiversité, mais également au statut des agriculteurs. Dans le compte-rendu final, six enjeux majeurs ont été retenus par les différents publics de manière récurrente, même si toutes les propositions y figurent. La première priorité s’attarde sur le métier d’agriculteur, son installation, sa pérennisation. À l’heure actuelle, les agriculteurs sont de véritables citoyens comme les autres et s’interrogent sur leurs métiers, leurs salaires mais aussi sur les défis qui les attendent.
« C’est une occasion unique »
D’autres initiatives sont à souligner, comme celle de la plateforme Pour une autre Pac qui regroupe 44 organisations. Le collectif souhaite peser dans les négociations en cours sur le Plan stratégique national : « C’est une occasion unique de faire évoluer nos systèmes agricoles et alimentaires ». Le ministère de l’Agriculture français devra désormais répondre avant le 7 avril 2021 à ces recommandations et exigences citoyennes. Mais au final, l’influence que peuvent avoir les débats citoyens sur la Politique agricole commune menée au niveau de l’Union reste encore à démontrer. Comme le relève Euractiv, l’eurodéputée PPE Anne Sander a exprimé des doutes dans l’émission « Le Temps du débat » diffusée sur France Culture : « On voit bien qu’aujourd’hui organiser des conventions citoyennes est très à la mode. On en a eu sur le climat, on en a aujourd’hui sur l’agriculture. […] La question qui se pose très concrètement c’est : que deviendront les propositions et les orientations [issues de ces propositions] ? »
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