« Nous sommes optimistes, les sondages Eurobaromètres montrent que 68 % des électeurs européens ont l’intention de voter aux élections européennes, une augmentation de 9 points par rapport à 2019, année qui avait déjà vu un rebond de la participation ». Udo Bux, le directeur du bureau de liaison du Parlement européen dans la capitale bavaroise, voulait placer ce séminaire journalistique sous le signe de l’espérance. Le fait qu’il ait choisi le français pour prononcer son discours a aussi souligné l’importance symbolique de l’amitié franco-allemande, l’événement ayant eu lieu deux jours avant le 61ème anniversaire du traité de l’Elysée.
C’est pourtant en grande partie en anglais que les échanges se sont tenus. Organisée par le Mouvement européen – Alsace, son homologue de la Europa-Union Bayern, le Bayerischer Journalisten-Verband (l’association des journalistes de Bavière) et le Club de la presse Strasbourg Europe, la journée a permis la rencontre de plusieurs dizaines de journalistes et citoyens français et allemands dans le cadre très agréable du Palais Seyssel d’Aix, siège de l’Institut français de Munich.
La journée a débuté par une conférence en ligne sur les médias et l’Europe en France et en Allemagne, modérée par Katja Schupp, Professeure à l’Université de Mayence. Selon les différents intervenants, l’Europe peut « être présente dans les médias, à travers les Panama Papers ou le Qatargate », même si les sujets plus positifs et attractifs pour le lectorat devaient se trouver ailleurs, comme par exemple « au travers d’histoires personnelles en Allemagne rencontrant des échos positifs en France, et inversement ». Une question d’incarnation donc.
Incarnation et communication
Les participantes et participants se sont ensuite retrouvés dans des petits groupes d’ateliers, afin de discuter de thématiques brûlantes d’activités : l’échanges de bonnes pratiques autour de la communication européenne, des réflexions pour rendre les sujets européens « médiatiques », et autour de la lutte contre les fausses informations. Les résultats et les recommandations des trois ateliers ont pu se faire juste après. Parmi les principales : incarner l’Europe en organisant plus d’événements à portée européenne et rassemblant tous les citoyens, et dissocier l’information et la communication (tandis que l’UE informe abondamment et produit de la documentation de bonne qualité, une vraie communication sous forme d’un échange entre les institutions et les citoyens est encore en formation). La communication européenne semble ainsi une condition sine qua non de l’incarnation mentionnée plus haut.
Un aspect largement repris dans la conférence finale où sont intervenus Udo Bux, Michael Malherbe (expert en communication européenne), Anne-Camille Beckelynck (journaliste couvrant les questions européennes aux Dernières Nouvelles d’Alsace) et Karin Firkenzeller (correspondante « France » pour la Wirtschaftswoche). Selon les intervenants, « il est facile de parler de l’Europe durant le Qatargate, parce que c’est un sujet négatif. Sinon, on n’en parle pas ». Une fois de plus, montrer le vrai visage de l’Europe est nécessaire, en parlant par exemple du programme de mobilité Erasmus+ et des millions de bébés qui sont nés des rencontres entre jeunes Européens.
Un weekend marqué par les « Demos gegen Rechts »
La journée d’échanges entre journalistes français et allemands s’est déroulée à un moment doublement symbolique : le samedi juste avant le 61ème anniversaire du traité de l’Elysée, et la veille de manifestations imposantes contre l’extrême-droite dans toute l’Allemagne. A Munich, près de 250000 personnes (selon les organisations manifestantes, 100000 selon la police) ont défilé dans les rues pour dire Nein à l’extrémisme et au racisme. L’occasion aussi de rappeler que le parti d’extrême-droite Alternative für Deutschland, tout comme le Rassemblement National ou Reconquête en France, sont des ennemis déclarés de l’idéal européen et de la démocratie libérale.
Suivre les commentaires : |