Renforcer les aspects pratiques de la citoyenneté européenne, c’est renforcer le sentiment d’appartenance

, par Ferghane Azihari

Renforcer les aspects pratiques de la citoyenneté européenne, c'est renforcer le sentiment d'appartenance

L’Europe politique n’a pas vocation à se fonder sur une Nation mais sur un concept plus rationnel : la citoyenneté chère au patriotisme constitutionnel. Cependant peu importe la rationalité du fondement du projet européen, il n’a aucun intérêt s’il n’a pas de dimension concrète qui permet la prise de conscience de l’existence d’une communauté politique.

À cet égard, il faut s’empresser d’énoncer que les élections européennes ne suffisent pas. Ce n’est pas en votant seulement une fois tous les cinq ans que l’on va créer un sentiment d’appartenance rationnellement fondé. Il semble donc que la citoyenneté, participation au gouvernement de la cité, va devoir se décliner en une multitude d’aspects pratiques si elle veut avoir un sens pour tous ceux qui en sont titulaires.

État des lieux des droits accordés par la citoyenneté européenne

Est citoyen de l’Union tout ressortissant d’un de ses États-membres. Le citoyen jouit de plusieurs droits. Il peut voter et être éligible aux élections européennes et municipales sur tout le territoire européen indépendamment de sa nationalité ; séjourner et circuler librement dans l’Union ; revendiquer auprès de n’importe quel autre État-membre une protection diplomatique sur le territoire d’un pays tiers où l’État membre dont il est ressortissant n’est pas représenté ; adresser des pétitions au Parlement européen, lancer une Initiative citoyenne européenne (ICE) ; ou encore s’adresser à plusieurs organes de l’Union dont le médiateur européen.

Le besoin d’un espace public pédagogique et médiatique

Une démocratie digne de ce nom a besoin de son Agora. L’espace public médiatique est non seulement un excellent moyen de sensibiliser les citoyens aux affaires publiques européennes mais permet aussi de développer la prise de conscience de l’existence d’une communauté de destin. En effet la possibilité de débattre sur un sujet commun induit l’existence de liens d’interdépendances civiques. Or cet espace n’existe tout simplement pas alors qu’il est indispensable...surtout lorsque l’on constate les carences dont souffrent les citoyens en matière de connaissance des institutions européennes [1]. À ce tire, en décidant de supprimer Presseurop en cette année électorale, la Commission a pris une décision dont la stupidité n’est pas à démontrer.

Augmenter les pouvoirs des citoyens européens

Le Président de la Commission sera issu d’un vote démocratique pour la première fois. C’est un progrès mais cela ne suffit pas. La citoyenneté a besoin de plus d’aspects pratiques. On devrait pouvoir participer à toutes les élections sur un territoire de l’Union dès lors qu’on y réside régulièrement. On devrait pouvoir mieux contrôler l’appareil électoral en obligeant le politicien à se soumettre à un parrainage citoyen avant d’officialiser sa candidature. On devrait pouvoir changer l’ordre des listes afin de démocratiser la désignation interne des candidats et soumettre les partis politiques à notre volonté. Il s’agit tout simplement de remettre le citoyen au cœur du système politique pour réellement lui permettre de s’appartenir.

Faire converger les périodes électorales en Europe.

Favoriser la convergence de toutes les élections en Europe servirait la construction d’un sentiment d’appartenance fondé sur la citoyenneté. La Communauté politique serait encore plus visible car tous les peuples européens renouvelleraient leurs dirigeants nationaux en même temps. De plus cela permettrait de politiser davantage des institutions intergouvernementales comme le Conseil qui n’a plus vocation à fonctionner selon les principes diplomatiques.

Inculquer une culture du référendum

La culture du référendum est sans doute la meilleure solution. Quoi de plus évident que d’instituer une pratique référendaire régulière afin de rendre compte de l’existence d’une communauté politique par l’expression la plus directe de 500 millions de citoyens ? Ce référendum fonctionnerait selon la technique de la double majorité : il serait valide dès lors qu’il atteindrait à la fois la majorité de la population ainsi que celle des États. Cela permettrait de concilier les légitimités nationales et post-nationales et d’équilibrer les rapports de force entre les grands et les petits États.

En résumé un sentiment d’appartenance rationnel ne peut exister tant que le fondement sur lequel il s’appuie, la citoyenneté, est dénué de tout aspect concret. Un véritable travail de réflexion pour renforcer les dimensions pratiques dudit fondement est donc nécessaire.

Vos commentaires
  • Le 30 mars 2014 à 19:11, par Bernard Giroud En réponse à : Renforcer les aspects pratiques de la citoyenneté européenne, c’est renforcer le sentiment d’appartenance

    On ne cessera pas de répéter que pour avoir le sentiment d’appartenir au même ensemble, il faut que celui-ci ressemble un peu à une maison ;

    Dans cette grande maison européenne, il faut une cohérence de groupe, une cohérence solidaire, un lien obligataire, pour l’habitant du même toit

    Une telle construction avait cet idéal.

    Sans ce sentiment bien concret , il sera bien difficile, de donner du sens à un grand ensemble.

    C’est bien là que le bas blesse, en ce qui concerne la construction européenne. On a perdu un sentiment, une notion raisonnable, indispensable en ces temps

    Elle se résume ainsi : « Tu es fort, mais tu es fort pour le service de ton frère ».

    La logique de cette vérité positive , exprimée depuis des siècles, échappent à beaucoup d’entre nous, forts du moment .

    En effet chaque fois que l’on se sert de sa force pour subjuguer son semblable, pour en faire en quelque sorte son sujet, on manque la bonne étape ;

    On fait de ce semblable, son sujet, son subalterne ; Ce faisant, sa capacité dynamique personnelle diminue, parfois s’éteint ; Ce semblable est plus considéré comme un « répéteur » que comme un inventeur ;

    La vie, si l’on y regarde de près, ne fonctionne pas de cette manière.

    Son moteur le plus puissant,a toujours été, ce regard, cet état d’émerveillement infini devant le soleil qui se lève au matin depuis toujours, devant ce don de vie, gratuit, chaque jour, pour soi, d’abord, et vers la multitude.

    Ce moteur surpuissant, qui s’adapte, à chacun de nos « cadres » personnels,, et le seul qui permet de donner le meilleur de nous-mêmes, celui qui permet de ne pas trop regarder à la « dépense » et au temps passé. Notre vie en brulera pour la bonne cause.

    Nous devenons tous ainsi le début d’une chaine infini du possible, que la Vie généreuse, seule juge en la matière, sait reconnaitre. Quelle valeur !

    Nous sommes devenus comme les moteurs (de voitures par exemple que nous connaissons), une énorme force, (les milliards de petites, bien coordonnées, bien ajoutées dans un temps minimum), nos milliards de forces volontairement généreuses, sont le gage de la meilleure réussite du projet . La grande force individuelle compte moins que l’efficacité de la poussée collective.

    Donc le principal moteur du progrès n’est pas la peur, l’opposition, la concurrence, mais bien l’adhésion du cœur et de l’esprit au projet commun qu’on aura su exprimer,entrainer, galvaniser, dans et par le respect de nos différentes individualités.

    La grande sagesse de toujours n’est que logique ; Cette sagesse que beaucoup d’entre nous avons en nous, est la meilleure conseillère de nos lendemains.

    Soyons donc bien clairs dans la logique de notre manifestation. Il n’en sera que plus facile de construire la cité, l’ensemble, le monde ou chacun a sa place, ou chacun a une place.

  • Le 30 mars 2014 à 22:21, par shaft En réponse à : Renforcer les aspects pratiques de la citoyenneté européenne, c’est renforcer le sentiment d’appartenance

    C est triste de voir un tel deni de la realite. Les gens ne reclament pas plus d europe ils veulent de meilleures conditions de vie ce que l europe refuse

    Regardez les sondages ils disent tous que le gens se tournent vers les extremes. Pourquoi ? Parce que l europe ecrase les classes moyennes et populaire avec son fanatisme ideologique et son mepris

    Retirez vos oeuilleres un instant et considerez ceci. La machine europeenne s emballe et pour la sauver il faut l arreter pour la reparer et la faire redémarre

    Ameliorez la vie des gens au lieu de leur farcir le crâne avec des idees creuse

  • Le 30 mars 2014 à 22:35, par Ferghane Azihari En réponse à : Renforcer les aspects pratiques de la citoyenneté européenne, c’est renforcer le sentiment d’appartenance

    @Schaft Pouvez-vous me citer une seule phrase dans cet article qui prône un renforcement des institutions européennes ? Etant fédéraliste je soutiens naturellement l’idée qu’il faut plus d’Europe là où on en a besoin et moins là où l’Europe est inutile.

    Mais il n’est pas question de parler de cela dans cet article qui cherche simplement à permettre un rapprochement de l’UE et de ses citoyens conformément à l’idéal démocratique.

    Votre remarque est donc malheureusement hors-sujet. En revanche si vous avez des propositions pour rapprocher les citoyens de l’UE, je suis preneur ;)

  • Le 31 mars 2014 à 13:37, par Valéry En réponse à : Renforcer les aspects pratiques de la citoyenneté européenne, c’est renforcer le sentiment d’appartenance

    « il faut l arreter pour la reparer et la faire redémarre » c’est exactement ce que revendiquent les fédéralistes. L’Europe des États actuelle ne fonctionne pas : il faut donc « changer de logiciel » comme on dit.

  • Le 31 mars 2014 à 21:15, par Jean-Luc Lefèvre En réponse à : Renforcer les aspects pratiques de la citoyenneté européenne, c’est renforcer le sentiment d’appartenance

    Rapprocher l’Europe du citoyen, comment ne pas applaudir des deux mains à ces propositions ? Rapprocher l’Europe du citoyen par la pratique, pourquoi s’y opposer, sinon sous le prétexte inavoué que l’objectif en tant que tel est devenu épouvantail ? Des raisons pratiques d’une citoyenneté européenne, qui devraient, sauf mauvaise foi, mobiliser le plus grand nombre, j’aimerais que l’on parle d’abord de nos codes du vivre - ensemble, comme celui de la route. Est - il naturel, parce que relevant de la souveraineté" nationale que nos professionnels du commerce routier international aient affaire à des règles et des symboles aussi différents de Malaga à Den Haag ????

  • Le 1er avril 2014 à 10:13, par JMT En réponse à : Renforcer les aspects pratiques de la citoyenneté européenne, c’est renforcer le sentiment d’appartenance

    Bonjour, Renforcer les aspects pratiques de la citoyenneté européenne, c’est renforcer le sentiment d’appartenance : cela doit passser par du symbolique. Concrétement, pourquoi ne pas instaurer une CEI (Carte Européenne d’Indentité) qui viendrait se substituer aux CNI de chaque état mambre ? Cette CEI serait standardisée et comporterait une face recto européenne et une face verso qui serait nationale. A l’instar de nos pièces en Euro. On pourrait aussi instaurer uun passeport unique européen pour tous les ressortissants. Il serait bleu avec le symbole Européen sur la couverture au dessous ou au dessus duquel serait porté la motion UE. Aucun élément concernant l’indentité national sur le couverture. Les renseignements concernant l’identité nationale serait consignés sur les pages intérieures Il faudrait revoir le mode de scrutin : chaque ressortissant devrait se pronocer sur une même liste unique européenne. Pour en reparler avec qui le veut bien...

  • Le 1er avril 2014 à 14:42, par Jean-Luc Lefèvre En réponse à : Renforcer les aspects pratiques de la citoyenneté européenne, c’est renforcer le sentiment d’appartenance

    @ JMT

    Votre suggestion s’inscrit dans le droit fil de l’article de Ferghane AZIHARI. Ce serait, en effet, l’expression concrète, parce que matérialisée, d’une appartenance commune. N’oublions pas, en effet, comme M. SERRES l’a écrit, que nos « cartes d’identité » ne renvoient pas à une identité, toujours métissée, bigarrée - comme des Arlequin -, mais à nos appartenances (à celles et ceux qui sont nés en...,dans tel pays, qui appartiennent à tel sexe...). Les détournements de la langue sont toujours révélateurs d’une même idéologie, prégnante, une authentique gangue qui nous enferme depuis moins de deux siècles !

  • Le 1er avril 2014 à 19:29, par Ferghane Azihari En réponse à : Renforcer les aspects pratiques de la citoyenneté européenne, c’est renforcer le sentiment d’appartenance

    @JMT

    A t-on vraiment besoin d’uniformiser les pièces d’identités européennes ? La mention « Union européenne » qui s’ajouterait aux documents officiels ne suffit-elle pas ? Je doute que cela soit proportionnel au but recherché. Mais pourquoi pas ! Après tout, le permis de conduire est bel et bien devenu un document européen ;)

    Pour ce qui est du mode de scrutin, je suis tout comme vous un partisan de la circonscription unique pan-européenne. Le modèle que l’on sert aujourd’hui biaise malheureusement la perspective d’une démocratie européenne au profit d’une mosaïque de démocraties nationales.

    @Jean-Luc Lefèvre

    Je suis sceptique sur la possibilité pour le Parlement européen et le Conseil de légiférer sur le code de la route, non pas au nom de la souveraineté nationale (à laquelle je n’adhère pas) mais au nom du principe de subsidiarité. La plupart des autoroutes allemandes sont dépourvues de limitation de vitesse. Je vois mal une instance européenne remettre en cause les particularismes routiers de chacun, justement parce qu’ils ne regardent personne d’autre que ceux qui pratiquent le terrain quotidiennement.

    Ceci dit...on pourrait se dire que si le permis de conduire est un document européen, alors un code européen de la route est nécessaire ? À voir...

  • Le 1er avril 2014 à 20:25, par Jean-Luc Lefèvre En réponse à : Renforcer les aspects pratiques de la citoyenneté européenne, c’est renforcer le sentiment d’appartenance

    @ Ferghane Azihari,

    Les particularismes routiers « ne regardent personne d’autre que ceux qui pratiquent le terrain quotidiennement ». C’est là où nous divergeons...

    D’abord, parce que nos liaisons internationales, autoroutières, sont « pratiquées » par des tracteurs venus de Roumanie, de Lettonie, de Hongrie, d’Espagne...N’auraient-ils rien à dire de l’état des voieries (tant pis pour la Région Wallonne), de la signalisation, des taxations au kilomètre parcouru, de la qualité des aires de repos, des limitations de vitesse applicables ici et là, et des législations sociales créant des concurrences déloyales entre transporteurs ???

    Ensuite, parce que dans notre Belgique évanescente, les trois régions seront désormais compétentes en matière de code de la route. Trois compétences, trois législations potentiellement différentes pour les routes secondaires...Tout cela à l’heure de l’ « intégration européenne »...La subsidiarité, c’est très bien (allusion à une autre contribution pédagogiquement irréprochable), mais quelles sont ses limites, quels sont ses domaines ( ratione materie et donc ratione loci) ?

    Un dernier mot. Les contraintes liées au T.G.V. sont-elles différentes selon qu’on est en Belgique, aux Pays-Bas, en Allemagne ???

  • Le 2 avril 2014 à 18:01, par Ferghane Azihari En réponse à : Renforcer les aspects pratiques de la citoyenneté européenne, c’est renforcer le sentiment d’appartenance

    Vous avez finalement raison. Après tout la régulation du trafic ferroviaire, aérien, est sur le point de s’européaniser de s’européaniser. On peut légitimement envisager la même chose pour le trafic routier même si je doute que cela soit la priorité du moment.

  • Le 2 avril 2014 à 21:06, par Jean-Luc Lefèvre En réponse à : Renforcer les aspects pratiques de la citoyenneté européenne, c’est renforcer le sentiment d’appartenance

    Cher Ferghane,

    Je rebondis, une fois encore : le problème n’est-il pas que personne, ni BARROSO, ni VAN ROMPUY, ni...ne sachent quelle est « la priorité du moment », comme vous dites ? Et si le problème de l’Union européenne, aujourd’hui, était davantage un problème de lucidité, et donc d’intelligence, qu’un problème de moyens ? A trop s’auto - flageller, à trop culpabiliser d’une Histoire lourde à porter, parfois, on finit par ne plus oser, BRUCKNER nous l’a dit...Mais faut-il s’accommoder de ces dénis de vérité ? Peut-être devrait-on s’inspirer de la maxime de Mgr CARDIJN, évêque belge, fondateur de la Jeunesse Ouvrière Catholique (en Belgique (J.O.C) : « Voir, juger, agir » ?

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