Le Kosovo a proclamé son indépendance en 2008. Depuis lors, le jeune état n’arrive pas à se stabiliser et à se développer économiquement. Les relations orageuses avec la Serbie, qui refuse de reconnaître son indépendance, n’arrangent pas les choses. L’Union européenne a fait de la normalisation des relations entre les deux pays une condition sine qua non d’une adhésion serbe. Les présidents Hashim Thaçi et Alexandar Vučić négocient donc depuis plusieurs mois sur un accord permettant un apaisement des tensions.
Un élément perturbateur non négligeable risque néanmoins de remettre profondément en cause le très fragile équilibre entre les deux pays, voire dans toute la région des Balkans occidentaux : le nationalisme et son corollaire dans certains cas, l’irrédentisme. Les développements récents dans la région n’incitent pas à l’optimisme. La possibilité d’un échange de territoires entre la Serbie et le Kosovo, ainsi que la volonté du Kosovo de créer sa propre armée, font pressentir un triomphe du nationalisme dans une région ravagée par celui-ci il y a 25 ans. Dans ce contexte, que doit faire l’Union européenne pour assurer la stabilité et le développement de la région ?
L’échange de territoires, la boîte de pandore ouverte
Afin de résoudre le litige autour du Kosovo, Belgrade et Pristina discutent actuellement d’un possible échange de territoires. Le Kosovo pourrait céder la région du Nord à majorité serbophone (autour de la ville divisée de Kosovska Mitrovica) en échange de la vallée albanophone de Presevo, à l’extrême Sud de la Serbie. Si d’aucuns pensent que cela pourrait être une solution potentielle, de nombreuses interrogations se posent.
Premièrement, cela risquerait d’appauvrir encore plus le Kosovo. Pourquoi Hashim Thaçi accepterait-il de céder le Nord du Kosovo, riche en industrie (avec notamment le conglomérat minier public de Trepca) en échange d’une vallée largement agraire ? Deuxièmement, tous les Serbes du Kosovo n’habitent pas dans le Nord. Il existe de grosses minorités serbophones dans le Sud, à Štrpce, et à l’Est, à Klokot, Parteš, Ranilug, Novo Brdo et Gračanica. Qu’adviendrait-il de ces minorités ? Seraient-elles exclues par Belgrade et discriminées par Pristina ? Enfin, la plus grave menace serait un effet domino dans la région. Un échange de territoire pour créer des états nationaux mono-ethniques pourrait donner des idées aux Serbes de Bosnie de la Republika Srpska ou aux Albanais de Macédoine. Ce séparatisme pourrait en outre être encouragé par les volontés irrédentistes de la Serbie et de l’Albanie, actant un retour triomphant du nationalisme le plus dangereux dans la région.
Le projet de création d’une armée kosovare, un risque d’escalade incontrôlable ?
Le Parlement du Kosovo a voté le 14 décembre dernier une loi renforçant l’armée nationale. La force de sécurité actuelle, assurant principalement des missions de sécurité civile, verrait ses effectifs doubler et assurerait l’intégrité territoriale de la république du Kosovo. Logiquement, la Serbie a hurlé à la provocation. La création d’une armée kosovare risque en effet d’attiser encore plus la flamme nationaliste, tant du côté serbe que kosovar. Pourrait-elle en plus entraîner une nouvelle guerre dans la région ?
D’un point de vue matériel, la Serbie n’aurait rien à craindre, tant l’armée serbe est supérieure à la future armée kosovare (Belgrade dispose de 40000 soldats actifs et de 50000 réservistes alors que Pristina ne va disposer que de 5000 soldats et de 3000 réservistes. Les moyens technologiques sont également largement du côté de la Serbie). En revanche, cela pourrait entraîner une escalade de tensions dans la région (comme par exemple la volonté de reformer l’armée des Serbes de Bosnie, créée en 1992 par le général Ratko Mladić).
La conciliation de la dernière chance pour l’UE
Le projet européen a précisément pour but premier d’assurer la paix entre les peuples européens et d’empêcher toute nouvelle résurgence nationaliste qui conduirait à une nouvelle guerre sanglante. Pourtant, engluée dans ses divergences d’intérêts géostratégiques, l’Union européenne a été largement impuissante lors des guerres de Yougoslavie, en particulier en Bosnie-Herzégovine. Jusqu’à présent, cet épisode reste le plus gros échec dans l’histoire de l’UE. La perspective d’intégration des Balkans occidentaux à l’UE apparaît comme une chance de rédemption. La montée du nationalisme entraînée par les échanges territoriaux et le renforcement de l’armée kosovare pourrait complexifier encore plus le processus de stabilisation et d’intégration de la région.
L’Union européenne doit pour cela être ferme sur le respect des frontières et des droits des minorités ethniques. Elle doit également donner des perspectives claires sur une future intégration de la Serbie et des autres pays de la région, notamment grâce à des programmes d’aide efficace en matière économique et dans le domaine de la gouvernance. La lutte contre le nationalisme et pour la réconciliation durable des peuples des Balkans occidentaux doit également être une priorité : François Mitterrand le rappelait en 1995 dans l’enceinte du Parlement européen, sous les yeux de Jacques Delors : « Le nationalisme, c’est la guerre ».
1. Le 27 décembre 2018 à 18:26, par Tony En réponse à : Serbie – Kosovo : « Le nationalisme, c’est la guerre »
Je ne suis absolument pas d’accord avec ce que écrit ce journaliste par rapport à l’armée du Kosovo puisque il est entrain de faire de la propagande serbe au nom du journalisme !!! L’armée du Kosovo n’a pas été crée pour faire des guerres mais pour se protéger d’un agresseur qui est la Serbie !!! Ce journaliste oublie que c’est l’armée serbe qui a commis les pires atrocités en Bosnie et au Kosovo et il voudrait nous faire croire de l’armée du Kosovo est un risque de stabilité dans les Balkans !!!
2. Le 30 décembre 2018 à 14:09, par Marko En réponse à : Serbie – Kosovo : « Le nationalisme, c’est la guerre »
Bonjour, Des qu’un article n’est pas pro- albanais donc il est pro-serbe ? L’armée du kosovo a été crée pour accentuer la pression sur les enclaves Serbes et accélérer leurs exodes. L’armée du kosovo est dirigé par les terroristes de l’UCK qui se sont financés à l’aide du trafic d’organe, la prostitution, la drogue ...la destruction de nombreux édifices Chrétiens. Pour rappel le kosovo est le premier fournisseur de djihadiste pour les zones en guerre comme la Syrie, l’Irak.
3. Le 30 décembre 2018 à 19:58, par Dupont Dupond En réponse à : Serbie – Kosovo : « Le nationalisme, c’est la guerre »
La création d’une armée illégale du Kosovo serait une violation de la résolution 1244. De plus, ce serait un danger pour les serbes vivants dans des enclaves, depuis plus de 15 ans.
Au 21ème siècle, des serbes vivent dans des enclaves, et sont systématiquement agressés voire tués dès qu’ils en sortent.
Le gouvernement albanais du Kosovo taxe à 100% tous les produits venant de Serbie. Cette mesure isole encore plus les serbes de ces enclaves. Après les avoir privés de liberté, les albanais veulent maintenant affamer le peu de serbes qui restent encore au Kosovo, Kosovo qui est le berceau de la nation serbe.
Rappel : Kosovo et Métochie veut dire Kosovo terre d’églises. Métochie a été supprimé par « la communauté internationale »...
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