Nous assistons depuis plusieurs semaines à une crise de souveraineté. Chaque pays, sans exception, quel que soit son régime politique, son histoire, s’est retrouvé confronté aux conséquences du virus dont l’origine lui était étrangère. Pourtant, dès la fermeture des frontières chinoises, des appels à une nouvelle souveraineté nationale et européenne sont apparus pour faire face aux potentielles ruptures de stocks. Comme s’il suffisait de tout avoir sous la main pour vivre en autarcie du jour au lendemain. Certains ont poussé l’absurdité au point de déclarer qu’un bout de tissu avec deux élastiques à chaque bord était devenu un bien « stratégique », catégorie généralement réservée à des produits à plus forte valeur ajoutée.
L’absence d’informations fiables a contraint les citoyens à s’improviser gestionnaires de risques soutenus en France par le silence coupable de l’opposition. Les mesures liberticides auraient dû engendrer un débat démocratique mais c’est autour du professeur Raoult que les opposants au Président de la République se sont réunis. Dans certains États, le silence démocratique a même laissé place à un durcissement du pouvoir autoritaire. Covid 1 – Démocratie 0.
Nous faisons face à plusieurs crises imbriquées :
- Une crise sanitaire engendrant des décès, en partie liés directement au Covid mais il faut également ajouter des décès indirects (potentielles famines, saturation des hôpitaux, absence de couverture de santé en cas de chômage).
- Une crise économique causée par : l’arrêt de l’activité de quelques semaines, le chômage induit voire provoque la disparition de pans entiers de l’industrie.
- Une crise politique causée par la gestion de la crise mais aussi par l’impact des conséquences économiques (comme aux États-Unis qui ont vu leur chômage exploser ou encore certains pays pétroliers dont les finances publiques ne peuvent survivre longtemps avec des prix du pétrole autour des 30 dollars).
Chacune de ses crises se déroulera en plusieurs vagues et si nous pouvons espérer que pour certaines il ne s’agisse que d’un moment difficile à passer, il est fort probable que les conséquences sanitaires, économiques et politiques se feront sentir pendant plusieurs années avec un certain déphasage. Le tempo des propositions devient important et le risque d’être inaudible à cause d’un message à contre-courant n’a jamais été aussi présent.
Ne confondons pas « résoudre la crise » et « profiter de la crise » comme ce fut le cas au sujet de l’écologie. Si la transition énergétique est nécessaire, elle ne servira à rien à très court terme pour maintenir les emplois détruits par 2 mois d’inactivité. A contrario, la crise écologique n’a aucun lien démontré avec la crise sanitaire (sauf à arguer qu’il faut faire disparaître complètement les avions). Or la priorité à court terme reste de limiter les impacts et à moyen terme de changer de modèle.
C’est dans le moyen terme que l’on peut remettre le citoyen au cœur du processus par opposition aux dérives autoritaires de certains États. Les critiques sur la gestion de la crise vont abonder au fur et à mesure que les résultats et les études sanitaires seront publiées. La défense de nos libertés doit rester le cheval de bataille contre les dérives autoritaires.
L’asymétrie dans la propagation du Covid et l’intensité ressentie par les populations risquent de remodeler les relations entre les États suivant des lignes nouvelles (le virus n’a que faire de la réalité politique). Alors que le multilatéralisme est mis à mal depuis quelques années, promouvoir une logique de solidarité est encore plus nécessaire aujourd’hui. Il y a une opportunité à saisir pour l’UE.
Si la solution internationale a été le repli sur soi pour tenter de résoudre la crise sanitaire, il n’en sera pas de même pour faire redémarrer l’économie et encore moins pour construire le monde de demain. L’isolement n’a pu faire illusion que peu de temps.
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