Albanie, Bosnie Herzégovine, Monténégro, Macédoine du Nord, Serbie, Turquie, et depuis 2022, l’Ukraine, la Moldavie et la Géorgie... La liste des candidatures reconnues pour rejoindre l’Union européenne ne cesse de s’allonger. Ces candidatures, ainsi que le statut de la demande d’adhésion de l’Ukraine, étaient au centre des enjeux de la mandature européenne de 2019-2024, et le seront certainement au centre de la mandature de 2024-2029.
“Adhésion à l’UE ? On est déjà trop !”
L’Union européenne a été construite à la suite de la Seconde Guerre mondiale. Connue pour être une alliance économique et politique intégrée depuis 1992, elle est la protagoniste des soixante-dix ans de paix sur son territoire. Bien que la candidature de l’Ukraine à l’Union européenne soit sérieux et semble être une suite logique dans l’histoire du continent européen, elle n’a pas encore été approuvée par les autres Chefs d’État et de gouvernement.
Toute candidature, sans exception, est étoilée d’obstacles et de graduations, justifiés et basés sur les fondements et les valeurs de l’Union. Pour qu’un pays candidate, il lui faut des institutions assurant le respect de l’état de droit et de la démocratie, une économie stable et compétitive, et être en mesure d’honorer les obligations, droits et devoirs prescrits par l’Union européenne. Autrement dit, ce ne sont pas uniquement les élans de paix, les promesses de démocratie et de solidarité qui donnent la possibilité d’adhérer à l’Union européenne. Il y a bien des critères de sélection, ces derniers s’avèrent déboucher sur des processus lents et sinueux.
La difficile candidature de l’Ukraine
A la suite de l’invasion illégale de la Russie en Ukraine en 2022, non seulement l’Ukraine n’a pas encore vu sa demande de rejoindre l’Union européenne approfondie, mais 143 milliards d’euros lui ont été versés par les 27 états de l’Union européenne pour la soutenir. Pourtant, selon l’indice de perception de la corruption de Country Economy, Kyiv était 116ème au classement, figurant parmi les pays les plus corrompus au monde en 2022, à titre d’exemple, la France était 20ème.
Avec une absence de stabilité économique et des carences en matière d’état de droit, notamment avant la guerre par le non-respect des accords de Minsk, l’Ukraine est aujourd’hui perçu par certains Européens comme un risque pour la paix sur le continent européen, ce qui laisse un grand nombre de citoyens de l’Union, plus que sceptiques, perplexes.
Un investissement négatif ?
Pourquoi devrions-nous soutenir l’Ukraine ? N’est-ce pas un excès de zèle de la part de l’UE que de vouloir promouvoir la démocratie en soutenant une guerre comme ont pu faire d’autres dans l’histoire ? Il n’y a pas de fumée sans feu.
L’Ukraine occupe une place géographique centrale, entre l’Union européenne et la Russie avec comme voisins la Slovaquie, la Pologne, la Hongrie et la Roumanie à l’Ouest et la Russie à l’Est. Dans un monde multipolaire, la Russie reste un pays dont l’influence est redoutée. L’adhésion de l’Ukraine dans l’UE serait un élargissement géographique, culturel mais aussi géopolitique, une manière de s’imposer face à la puissance russe.
De plus, l’Ukraine est le 4ème plus grand producteur de blé au monde. Son adhésion serait un gain économique mais aussi une avancée pour l’agriculture dans l’UE. Avec l’Ukraine, l’Union européenne pourrait potentiellement diminuer les risques de concurrence déloyale dénoncés par le premier ministre de Pologne en février 2024 Donald Tusk…à condition d’une réforme structurelle du droit interne à l’UE.
Tant de questions se posent pour la prochaine mandature européenne, notamment en ce qui concerne l’Ukraine, sa place sur le continent européen et peut-être au sein de l’Union européenne. Soutenir l’Ukraine n’est pas seulement un geste démocratique “à l’américaine”, il s’agit d’un risque avec des coûts immédiats mais dont l’Union européenne bénéficiera pour sûr. L’histoire, l’économie, la politique et la géopolitique nous montrent que, finalement, soutenir l’Ukraine c’est soutenir l’Union européenne.
Suivre les commentaires : |