Le refus de l’hyper industrialisation ?
L’agriculture industrielle utilise à foison pétrole et produits chimiques pour nourrir la terre. Les conséquences environnementales et sanitaires désastreuses sont connues. Un produit est bio grâce à son mode de production, qui se veut respectueux de l’environnement. Il s’oppose clairement à l’agriculture industrielle, raison pour laquelle les consommateurs se tournent vers le bio. Manger bio et sainement va même au-delà, c’est de plus en plus apparenté à un mode de vie. On mange bio, on se maquille bio et on s’habille bio. Et c’est un geste qui s’apparente à un certain refus de consommer ce qui est issu de l’agriculture conventionnelle, considérée comme moins bonne pour la santé et pour l’environnement.
Du consommateur au consomm’acteur
Manger bio permet-il cependant vraiment de manger plus sainement ? C’est ce que semble croire les adeptes d’une telle alimentation, qui dans la continuité du refus de l’hyper industrialisation se tournent vers un mode de vie sain, naturel. Les raisons sont diverses et variées : participer à la protection de l’environnement, mais aussi contrôler davantage les substances nocives qui pourraient se retrouver dans nos assiettes.
Le bio n’est pas la seule alimentation alternative qui se développe, dans un souci d’engagement politique, à la fois environnemental et dénonçant clairement les modes de production contemporains. Les tendances vegan, végétariennes ou encore le flexitarisme, autant de mots qui désignent une volonté pour certains de s’alimenter de façon différente, dite saine, et d’éviter l’agriculture conventionnelle. Le refus de l’alimentation classique permet le développement de comportements alimentaires nouveaux, et notamment la consommation de produits bio.
L’Agence Bio a établi que les Français consomment de plus en plus bio. 9 Français sur 10 consomment occasionnellement des produits bio, et 6 sur 10 régulièrement (au moins une fois par mois). La nouvelle tendance consiste également à se tourner vers les circuits locaux. Ces derniers ne sont pas toujours certifiés bio, les démarches étant lourdes à assumer pour de petites productions, mais le sont pourtant. Les paniers locaux, les circuits de distribution courts fleurissent un peu partout en France.
Les critiques : les scandales alimentaires liés au bio
Le bio se caractérise dès le départ par un refus de l’agriculture conventionnelle et de ses dérives hyper productivistes. Cependant le bio n’est désormais plus un marché de niche, et de nombreuses dérives ont eu lieu. La multiplication des labels n’assurent en rien la clarté et la qualité des produits. Les conditions d’obtention des labels, qui ne disposent pas forcément tous du même degré d’exigence au niveau européen, ne garantissent pas des produits véritablement bio. Alors que la production biologique inclut normalement le respect de la vie animale, nous pouvons évoquer notamment en Allemagne une vente d’œufs sous appellation bio, alors que les producteurs ne respectaient pas le seuil minimum de poules par mètre carré. Le problème dans la production bio concerne également l’alimentation animale, qui n’est pas forcément contrôlée, et peut contaminer un élevage biologique. Ainsi, un scandale à la dioxine a eu lieu en Allemagne entre 2009 et 2010. Du maïs contaminé en provenance d’Ukraine a servi à nourrir un élevage de poules bio, provoquant un scandale alimentaire dans un secteur qui se veut alternatif et étranger à ce type de dérive.
Ainsi le bio ne peut pas non plus être perçu uniquement comme un signe de refus de l’hyper industrialisation. Les mêmes dérives que l’agriculture productiviste guette la filière. D’où l’importance d’encadrer ce qui peut apparaître comme le défi de l’agriculture de demain, tant sa croissance est importante. D’autant plus qu’elle s’accompagne de la prise de conscience des consommateurs des bienfaits d’une nourriture plus saine. Assez paradoxalement, le succès du bio a entraîné une industrialisation, qui face à ses conséquences néfastes, se positionne à contre-courant de l’origine de l’idéologie du bio. C’est pourquoi l’Union européenne cherche à mieux encadrer ce marché, en imposant des normes plus strictes pour l’attribution des labels bio européens, et en harmonisant les normes pour tous les pays européens.
1. Le 22 juillet 2015 à 10:47, par Sandrine En réponse à : Une alimentation alternative et engagée à l’origine du succès du bio ? (2)
Le succès de l’alimentation bio, mais aussi des bio-coopératives, des AMAP et des jardins partagés en ville n’est-il pas un exemple de plus d’un changement qui s’opère dans la société ? Du passage d’une organisation de l’économie top-down, capitaliste, de masse.... à une société plus collaborative, horizontale, basée sur le partage, le « on-demand ».
Demain, un UberPop des potagers dans une Europe qui se remet au vert ?
Suivre les commentaires : |