A trois semaines du scrutin de l’élection présidentielle américaine, qui opposera Kamala Harris et Donald J. Trump le 5 novembre prochain, cette tournée n’est pas anodine. La tournée a débuté par le Royaume-Uni. Londres est l’un des principaux soutiens de Kyiv.
En février dernier, le Parti travailliste a effectué une visite surprise à Kyiv. Alors siégeant dans l’opposition de Rishi Sunak, Starmer y avait rencontré Volodymyr Zelensky et avait déclaré que l’Ukraine jouirait d’un « soutien ferme » de sa part.
Londres, Paris... puis Rome
Après Londres, Volodymyr Zelenskyy s’est rendu à Paris pour y rencontrer le chef de l’État français, Emmanuel Macron. Londres, Paris puis Rome pour échanger avec Giorgia Meloni, cheffe du gouvernement italien et le pape François au Vatican. Giorgia Meloni a annoncé que l’Italie organisera la conférence sur la reconstruction de l’Ukraine. Elle se tiendra les 10 et 11 juillet 2025.
Le président ukrainien a également été reçu par le Pape, qui lui a offert une peinture représentant une petite fille qui voit des soldats russes tuer sa famille sous ses yeux. Cette “petite fille représente tous les habitants de Boutcha qui ont assisté à des scènes de pillage, de torture”, décrit Vatican News.
Enfin, le voyage s’est terminé à Berlin pour échanger avec Olaf Scholz, à l’heure où le gouvernement allemand a prévu de réduire, pour 2025, de moitié la somme allouée aux aides militaires bilatérales destinées à l’Ukraine.
« L’Ukraine pourrait faire face à un important déficit d’aide » militaire, financière et humanitaire, met en garde l’institut de recherche allemand Kiel Institut. Un retour de Donald J. Trump pourrait ainsi « bloquer de futurs plans d’aide au Congrès ». Selon les projections de l’institut, les aides militaire et financière devraient s’élever respectivement à 59 et 54 milliards d’euros en 2025 si les donateurs occidentaux maintiennent leur niveau d’aide. A contrario, ces aides devraient chuter de moitié en cas d’élection de Donald Trump, ou encore si les donateurs européens s’alignaient sur l’Allemagne.
Les demandes de Zelensky
Le risque de versement d’aucune aide de la part des USA vers Kyiv est réel. Compte tenu de cette incertitude, l’Union européenne promet une aide financière après que les Vingt-sept aient approuvé un prêt de 35 milliards d’euros grâce aux actifs russes gelés. Euronews rapporte qu’initialement, « les USA et l’UE devaient, chacun, participer à hauteur de 18 milliards d’euros ». Face aux signaux peu positifs outre-Atlantique, « Bruxelles a drastiquement augmenté sa part pour la porter à 35 milliards d’euros », une mesure approuvée par le Parlement européen le mardi 22 octobre.
Le président ukrainien a quitté Paris avec de bonnes nouvelles. 2 300 soldats ukrainiens seront entraînés par l’armée française dans un camp en région Grand Est, dont le lieu exact est tenu secret pour des raisons de sécurité. En ce qui concerne le matériel militaire, le quotidien Obozrevatel rapporte que 128 transports blindés VAB, 18 canons Caesar, 18 AMX10, 20 missiles Milan et 10 camions lourds TRM ont été dotés par Paris. En échange, les militaires français pourront bénéficier d’une formation relative au pilotage de drones à Kyiv.
Enfin, concernant la livraison de mirages, le quotidien Dzerkalo Tyjnia énonce que les forces aériennes françaises préparent des pilotes ukrainiens sur des avions type Alpha Jet. Ceci constitue une condition préalable au passage sur Mirage 2000-5. Nul doute alors sur la livraison de tels équipements. Il faudra cependant attendre le premier semestre 2025 pour une telle livraison.
La tournée européenne semble avoir été une réussite pour le chef de l’État ukrainien, mais la diplomatie française redoute la réaction de Moscou. En marge d’une visite sur le front ukrainien, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a déclaré que la nouvelle serait « extrêmement grave » si l’information de Séoul selon laquelle plusieurs milliers de soldats nord-coréens auraient été envoyés pour aider la Russie, était avérée. Selon le ministre, cela « ferait entrer le conflit dans une nouvelle étape, une étape escalatoire supplémentaire et une exportation, par la Russie, du conflit vers l’Asie. »
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