Vers une politique de cohésion plus égalitaire ?

, par Yané Christov

Vers une politique de cohésion plus égalitaire ?
Monika Vana, députée européenne Groupe des Verts/Alliance libre européenne. Source : Wikimedia Commons

Après 15 mois en distanciel, le Parlement européen accueillait pour la première fois dans ses locaux une séance plénière. À l’ordre du jour : relance économique, soutien aux petites et moyennes entreprises, politique de concurrence, ainsi qu’un bref rapport sur la dimension de genre dans la politique de cohésion. Si ce débat n’a occupé que très peu de temps, l’enjeu reste majeur.

Une stratégie nécessaire

Lundi soir se tenait une séance plénière très attendue, l’occasion pour la députée Monika Vana (groupe des Verts/Alliance libre européenne) de présenter son projet de rapport intitulé « dimension de genre dans la politique de cohésion », visant à mieux intégrer la question de l’égalité de genre dans la politique de cohésion menée par l’Union Européenne.

La politique de cohésion est un cadre politique de solidarité au niveau européen se traduisant par des centaines de milliers de projets qui bénéficient partout en Europe de l’aide du Fonds européen de développement régional (FEDER), du Fonds Social Européen mais aussi du Fonds de cohésion. Cette politique vise à réduire l’écart de développement entre les diverses régions européennes et à combler le retard de celles moins favorisées.

Ce rapport tombe à point nommé puisque l’on observe une recrudescence des inégalités de genre liée à la crise de la Covid-19. Les femmes ont été davantage touchées par la pandémie, représentant 78% des emplois du secteur de la santé. Cette inégalité s’observe également à la maison puisque les confinements successifs n’ont fait qu’augmenter la charge mentale qui pesait déjà sur elles. La situation devient urgente, et comme l’explique le commissaire Virginijus Sinkevičius « les acquis, des batailles obtenues après des décennies, tout ceci risque d’être perdu ». C’est dans ce contexte particulier que le rapport intervient.

« Aller au-delà des mots et les convertir en acte »

L’intervention de l’eurodéputée peut se résumer en un mot : coopération. C’est en tout cas l’objectif clair du rapport : renforcer la coopération entre les partenaires et acteurs, et ce au niveau régional ou national. Selon Mme Vana l’UE ne dispose pas de cadres contraignants pouvant permettre de renforcer la prise de décision en matière d’égalité, un paradoxe pour une politique qui se veut de cohésion. Le rapport présenté par la députée propose un meilleur suivi des programmes, de leur phase d’élaboration à leur phase d’évaluation, ainsi qu’une mise en place d’indicateurs mesurables pour soutenir au mieux l’égalité des genres. Cependant, comme le souligne Monika Vana, « nous savons que ce rapport n’est qu’un point de départ » avant de rappeler « qu’il faut se retrousser les manches, travailler ensemble ».

Après la députée, c’est au tour du commissaire Virginijus Sinkevičius de prendre la parole. Le discours du commissaire se positionne sur la même lignée que celui de l’eurodéputée, en ajoutant que l’UE essaie déjà d’améliorer la qualité de vie de millions de femmes à travers l’Europe, notamment dans le domaine social en proposant de meilleurs soins, des solutions de garde d’enfants ou encore en promouvant l’accès à l’éducation. Il met également l’accent sur les investissements soutenant les femmes entrepreneures, chercheuses et innovatrices. Cependant, le commissaire reconnaît que « le rapport pointe également un manque de connaissances et la Commission continue d’améliorer ses capacités dans ce domaine. Nous organisons des séminaires techniques avec des autorités de gestion, nous communiquons avec les différents acteurs sur des actions concrètes qui peuvent être prises pour promouvoir l’égalité ».

Penser la politique de cohésion d’après-2020

Si le bilan de politique de cohésion 2014-2020 en matière d’égalité de genre reste mitigé, la politique de cohésion 2021-2027 se doit d’être plus ambitieuse. De ce fait le commissaire Sinkevičius promet déjà plus de financements, ainsi qu’un programme de soutien commençant cette année sans en expliciter davantage le contenu. Mais l’UE ne peut pas mener cette stratégie inclusive seule, comme le précise le commissaire, « le financement de l’UE ne peut pas tout faire en matière d’égalité des genres. Je demande aux États membres de bien vouloir faire l’usage maximal de tous les éléments de ce cadre ».

Ce rapport est donc une première impulsion dans la lutte dans l’égalité des genres. Mais cet objectif ne peut se concrétiser sans la coopération totale de tous les acteurs impliqués, et ce à tous les échelons. La question d’égalité ne peut pas se permettre d’être une stratégie parmi tant d’autres, mais doit au contraire s’inscrire sur le long terme, pour qu’elle devienne enfin une priorité pour l’UE. Il reste néanmoins une ombre au tableau, sans financements suffisants l’UE pourra-t-elle mener de front transition écologique, numérique et égalité de genre ? C’est un souhait que Mr Sinkevičius a formulé.

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