Vers une politique de santé commune ?

, par Amandine Salmon

Vers une politique de santé commune ?

Le 7 avril prochain, comme chaque année depuis 1948, l’Europe célébrera la Journée mondiale de la santé. Instaurée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), institution du système onusien, elle sera placée en 2011 sous le thème de la lutte contre la résistance aux médicaments.

Les progrès de la science et de la médecine permettent une espérance de vie croissante, et ce notamment grâce à l’action de puissants médicaments. Ces derniers se sont avérés très efficaces dans l’éradication de certaines maladies infectieuses, auxquelles nos ancêtres succombaient aisément. Ces maladies dites infectieuses, sont celles qui trouvent leur cause dans les virus, champignons ou autres bactéries.

Or, on sait que ces mêmes virus ou bactéries sont susceptibles de muter, et ainsi de devenir de plus en plus résistants aux médicaments. Une des raisons du développement de ces résistances s’explique par l’arrêt, ou la mauvaise administration des traitements. Il importe donc plus que jamais que les malades puissent accéder à des soins réguliers, notamment en matière de lutte contre le V.I.H.

En Europe, c’est surtout l’abus des antimicrobiens qui enrayent petit à petit l’efficacité des médicaments. En effet, au sein de l’U.E. près de 25000 personnes décèdent chaque année, à la suite d’une infection bactérienne grave et résistante.

Ainsi depuis 2001, l’institut de veille sanitaire français est à l’origine d’une campagne annuelle de prévention qui a donné lieu au désormais célèbre slogan «  les antibiotiques c’est pas automatique »

Mais quid d’une politique commune de santé publique dans l’Europe des 27 ?

Si la législation de l’Union aborde de façon indirecte les questions de santé, chaque pays demeure en réalité libre de mettre en œuvre les mesures qui lui semblent les mieux adaptées à son environnement national. Pourtant, l’Union Européenne essaie de mettre en place de plus en plus d’actions concertées.

C’est surtout dans les années 80 qu’elle a commencé à s’intéresser aux enjeux d’une politique commune de santé publique, après la multiplication des crises sanitaires majeures. La libre circulation des personnes au sein de l’U.E. a aussi progressivement conduit à des dispositifs permettant le remboursement des ressortissants européens, pour des soins reçus dans un autre Etat membre.

Des systèmes de santé disparates

De façon schématique on a tendance à distinguer trois grands types de systèmes de santé en Europe. D’une part celui qui repose sur le principe d’un accès universel au système de soins, comme élément de la citoyenneté. D’autre part les systèmes dits bismarckiens, où l’indemnisation est liée au travail (malgré des mutations sensibles de cette approche en raison des crises économiques successives). Et enfin, les systèmes de santé des nouveaux venus de l’Union, notamment d’Europe de l’est. (Qui eux-mêmes connaissent des variations majeures d’un Etat à l’autre) .

Ces derniers connaissent parfois des niveaux de couverture sociale nettement moins avantageux, ce qui n’est pas sans conséquence sur les populations.

Ainsi par exemple, l’O.M.S. soulignait le difficile accès aux soins des malades du sida en Roumanie. La maladie demeurant extrêmement taboue, nombreuses sont les victimes à ne pas se faire dépister. En outre, il arrive que les malades n’aient pas accès aux traitements de façon régulière, faisant courir le risque d’une résistance accrue des virus. Espérons que la réforme en cours de son système de santé et son entrée dans l’Europe contribuent efficacement à améliorer cette situation.

Une nécessaire action concertée en matière de santé

Encore faudrait-il que l’Union soit en réelle mesure de rendre effective ses vœux pieux d’égal accès aux soins. L’entrée en vigueur du traité de Lisbonne donne une valeur désormais contraignante à l’article 35 de la Charte européenne des Droits fondamentaux « Toute personne a le droit d’accéder à la prévention en matière de santé » or cet accès demeure compétence réservée des Etats membres, d’où des disparités importantes.

Il est indéniable qu’une action commune est le meilleur moyen de lutter contre la propagation des maladies, et la résistance aux médicaments. En effet, le développement constant du commerce, du tourisme mais aussi des migrations économiques favorisent la transmission rapide des maladies infectieuses parmi la population mondiale. L’Union doit donc aussi axer son action sur un accès large aux soins, et y contribuer sur l’ensemble du globe. A quand des outils juridiques et humains lui permettant de mener à bien cette ambition ?

Données et statistiques à retrouver sur le site de l’OMS, le documentaire d’envoyé spécial « le sida dans les veines »

Photo : "Smile and be happy with the European Health Card !"

Source : Parlement européen

Vos commentaires
  • Le 6 avril 2011 à 16:09, par Krokodilo En réponse à : Vers une politique de santé commune ?

    Comme la Commission essaie de confier la pharmacovigilance aux multinationales pharmaceutiques elles-mêmes (donc juges et parties), la santé publique européenne est mal partie. Idem pour la publicité des médicaments, sur le modèle des USA. Idem pour leur laxisme face aux pesticides et aux effets toxiques des milliers de molécules dans notre environnement. Pour faire court, c’est l’Europe du fric.

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