Szövetség, Slovaquie
Alliance est un parti ethnique né de la fusion de plusieurs formations représentant les intérêts de la minorité hongroise en Slovaquie : le Parti de la communauté hongroise, Most-Híd (que l’on pourrait traduire par Pont) et le MKÖ-MKS. Les Hongrois représenteraient 10% de la population slovaque, environ 510 000 habitants. L’Alliance a émergé après les élections législatives en 2020, alors que la minorité hongroise perdait justement l’intégralité des sièges qu’elle possédait au Rada, le Parlement local. Même si les relations sont globalement bonnes entre Bratislava et Budapest, le Premier ministre hongrois Viktor Orban n’hésite pas à utiliser le sort des minorités hongroises pour agiter ses voisins.
Le Centre, Suisse
Comme son nom ne l’indique pas, le Centre se veut la nouvelle incarnation d’une droite modérée. Il résulte de la fusion du Parti démocrate-chrétien et du Parti bourgeois-démocratique, comme dernière tentative pour mettre fin à la lente érosion de leurs résultats électoraux. Libéraux sur la question économique et fiscale, les deux mariés divergeaient sur les questions de société, mais pas assez visiblement : le Centre revendique le respect des « principes fondamentaux chrétiens ». En additionnant les strapontins obtenus par les deux formations après les élections de 2019, le Centre totalise 28 sièges au Conseil national, autant que les Verts. Approfondissement des relations, oui, adhésion, non : le Centre reflète les intentions d’une majorité d’Helvètes vis-à-vis de l’Union européenne.
Pasientfokus, Norvège
Focus patient est un micro-parti fondé en Norvège. À l’image de nombreux partis néerlandais qui se focalisent sur un sujet particulier, Focus patient est né dans la région la plus septentrionale du pays des fjords, le Finmark dans le but de soutenir l’extension d’un hôpital à Alta. Ce parti reflète les aspirations sanitaires remises au cœur du débat public depuis trois ans que la pandémie de Covid-19 dure. En 2013, c’est pour la création de cet hôpital que le parti Un hôpital pour Alta avait été fondé. Il avait obtenu des sièges dans le conseil local. Patient focus a, lui, obtenu un député au Storting, le Parlement national, en septembre dernier, lui donnant légitimité pour prendre position sur d’autres thématiques.
Ábyrg Framtíđ, Islande
Futur responsable est l’émanation politique islandaise du mouvement d’opposition aux mesures sanitaires liées à la pandémie de Covid-19. Si son leader Jóhannes Loftsson émerge déjà en 2020, c’est en 2021 qu’il fonde son parti à l’occasion des élections législatives. Cependant, dans l’un des pays les plus vaccinés au monde (plus de 80% de la population était déjà vaccinée l’été dernier), les « anti-vax » ont du mal à percer. Présent dans une seule circonscription de l’île, Mr Loftsson lui-même n’ayant pu voter pour son candidat, la nouvelle formation totalise 144 voix, soit 0,1% des suffrages à l’occasion des législatives. L’avenir de Futur responsable semble déjà bien obscurci.
Lewica, Pologne
La Nouvelle Gauche marque l’aboutissement d’un lent processus de refonte de la gauche dans un pays qui ne sait plus vraiment ce que cette notion veut dire. Elle est le résultat de la fusion de l’Alliance de la gauche démocratique, parti social-démocrate de gouvernement depuis les années 1990 et en chute depuis 2005, et de Printemps, fondé par le charismatique Robert Biedroń qui a chamboulé la scène politique en se présentant homosexuel, athée et féministe : une triple tare dans un pays ancré dans une droite conservatrice traditionaliste depuis l’arrivée au pouvoir du PiS en 2015. En faveur de la séparation entre État et Église, de l’avortement, de l’écologie, de la protection et de la promotion des droits LGBT, de l’Union européenne et de la protection des droits des travailleurs, la Nouvelle Gauche peut déjà compter sur quatre eurodéputés et 38 députés avant le prochain scrutin législatif prévu en 2023.
Likums un Kārtība, Lettonie
Après un accouchement dans la douleur, perturbé par la pandémie, Loi et Ordre apparaît sur la scène politique lettone en février 2021. Il est fondé par Aldis Gobzems, banni du mouvement « Qui possède l’État ? », qui avait ravi 16% des sièges au Parlement lors des dernières législatives en novembre 2018, devenu aujourd’hui Pour une Lettonie humaine. LuK, en plus de prôner une société basée sur des principes traditionnels, capitalise sur le mouvement d’opposition aux règles sanitaires. Disposant de deux sièges à la Saeima, LuK peine cependant à convaincre les électeurs appelés aux urnes en fin d’année, d’après les derniers sondages.
Sinimusta Liike, Finlande
Le Mouvement bleu-et-noir, comme son logo l’illustre plutôt bien, est un parti d’extrême-droite finlandais. Il est librement inspiré du Mouvement patriotique des années 30, fasciste s’il en est. C’est parce qu’il soutenait la constitution d’un registre national basé sur l’ethnie ainsi que la criminalisation de modèles familiaux non-traditionnels que le Ministère de la justice a refusé un temps d’enregistrer le Mouvement bleu-et-noir en tant que parti. Reconstitution de la Grande Finlande, retour de la Garde blanche (milice antisoviétique des années 1930), interdiction de la pornographie, antisémitisme, anti-immigration, antiglobalisation, anti-européen, anti-beaucoup de choses en somme, voilà les revendications d’un parti ouvertement néo-fasciste au pays des gens heureux.
Prodalzhavame promyanata, Bulgarie
« Nous continuons le changement » (PP) est l’une des pépites de cette liste : créée le 19 septembre de l’an dernier, la formation participe au troisième scrutin législatif de 2021 en Bulgarie en novembre, et dirige le pays depuis décembre. Le passé commun des fondateurs du mouvement (Kiril Petkov et Asen Vasilev) à l’université de Harvard a évidemment attiré l’attention des médias étrangers. Le soutien d’un parti en faveur des classes moyennes et de Volt Bulgarie a permis au PP de présenter un programme anti-corruption, écologiste, social-démocrate et europhile aux électeurs bulgares qui ont visiblement été séduits. Kiril Petkov continue donc le changement, coalisé avec trois autres partis de centre-gauche et de centre-droit.
Menschen, Freiheit, Grundrechte, Autriche
« Hommes, liberté, droits fondamentaux » est une émanation du mouvement hostile aux mesures sanitaires liées au Covid-19 sur le continent. MFG se présente rapidement à un scrutin régional après sa création et crée la surprise en obtenant plus de 50 000 voix et six sièges au Parlement de Haute-Autriche. Dans un pays confronté à des scandales politiques, alors même qu’il en ait exigé beaucoup des citoyens (obligation vaccinale pour tous depuis fin janvier), la revendication de respect des droits fondamentaux revêt un certain sens. Dans un pays où la droite radicale est bien implantée malgré un parti, le FPÖ, décrédibilisé, ce mouvement peut prendre de l’ampleur, et se transformer au fur et à mesure de la situation sanitaire.
Reconquête, France
Reconquête est créé de toutes pièces autour dun essayiste, polémiste et homme de télé devenu candidat à l’élection présidentielle, Éric Zemmour. Fondé le 5 décembre, le parti revendique déjà un député, un sénateur, et quatre eurodéputés, venus des Républicains et du Rassemblement national. Il contribue ainsi à dynamiter le côté droit de l’échiquier politique et d’exploser une extrême-droite jusque-là unie. L’opposition à l’immigration structure le programme du candidat Zemmour, comme solution à un retour de la « France d’avant ». Si la première place du premier tour de la présidentielle d’avril prochain semble promise au sortant Emmanuel Macron, la droite conservatrice, les deux extrêmes-droites et l’extrême-gauche se battent pour la seconde place, et Éric Zemmour a une chance de l’atteindre. L’enthousiasme autour de sa candidature semble promettre de nombreux candidats sous la bannière Reconquête pour les élections législatives de juin.
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