L’Union européenne a annoncé mercredi 1er avril, via une vidéo d’Ursula von der Leyen postée sur les réseaux sociaux, un nouveau plan européen, baptisé SURE, pour lutter contre la crise provoquée par la pandémie de coronavirus, visant en particulier les chômeurs.
La propagande eurosceptique faisant des ravages, l’Union n’en démord pas et déploie chaque jour son arsenal d’instruments contre les effets du coronavirus. Et on peut y voir la manifestation de son identité propre, notamment face au système d’assurance social (travail et santé) américain.
L’arrivée des Eurobonds et la mobilisation des moyens européens
Ce nouveau plan d’aide, annoncé formellement le 2 avril lors d’une conférence de presse, est encore plus important que les précédents.
Pour rappel, au niveau financier, la Commission européenne avait annoncée il y a quelques jours (le 25 mars) qu’elle mobiliserait 37 milliards d’euros issu de son budget d’investissement pour lutter contre les effets du coronavirus, avec un ciblage précis vers les régions européennes qui en ont le plus besoin. A la mi-mars, la BCE avait, quant à elle, lancé un programme de rachats de titres d’un niveau jamais atteint jusqu’alors en atteignant les 750 milliards d’euros. La Commission européenne avait également suspendu, le 20 mars, la règle des 3% de déficit maximum et chaque jour, elle approuve des aides d’États en faveur de la lutte contre les effets du coronavirus.
A la suite de cet arsenal d’aides financières européennes et à côté des aides logistiques, comme une réserve de 50 millions d’euros d’équipements médicaux, une aide au rapatriement des Européens dans leur pays avec son programme RescEU ou encore le financement de la recherche médicale européenne intégrée contre le coronavirus, l’Union européenne présente son plan d’envergure pour l’Europe sociale.
Un pas important dans la mutualisation des garanties européennes
Le plan SURE présenté les 1er et 2 avril est en effet un mécanisme simple d’agrégation des garanties financières des États membres. Il fonctionne comme le plan Juncker lancé en 2015 qui prévoyait 315 milliards d’investissement sur 2 ans.
Si le plan Juncker et le plan SURE, (pour « Support to mitigate unemployment risks in emergency » soit « Soutien pour atténuer les risques de chômage en urgence »), fonctionnent de la même manière, le nouveau plan associe la garantie des État membres, ce qui est le début d’une mutualisation des budgets des États membres. En effet, le plan Juncker, à l’époque, en 2015 était basé sur une garantie initiale de seulement 21 milliards d’euros pour atteindre à terme un effet de levier du niveau des 315 milliards d’euros. Les 21 milliards d’euros étaient basé sur la garantie en or de l’UE puisqu’elle n’a pas de dette et n’est pas en déficit. Les 21 milliards devaient apporter 63 milliards de prêts puis entraîner le secteur privé à garantir jusqu’à 315 milliards. Soit un effet de levier, une multiplication de 15 de la mise de départ. Ce plan a eu un tel succès qu’il a perduré pour atteindre presque 500 milliards fin 2019.
Le plan SURE se rapproche plus des EuroBonds, la mutualisation des fonds des États membres, car ces derniers vont apporter 25 milliards d’euros pour atteindre une aide de 100 milliards, à destination précise des Européens en chômage partiel. Ces fonds seront destinés en priorité vers les régions les plus touchées comme en Italie et en Espagne. Dans son programme de travail de 2020, l’UE avait pour objectif de proposer des systèmes d’assurance chômage intégrés au niveau européen. Deux étapes importantes ont donc été franchies en mutualisant une partie des garanties des États membres pour développer une assurance chômage européenne. Le plan SURE tel que présenté par la Commission européenne vise à protéger les piliers de l’économie européenne actuellement attaqués et à venir en aide à des centres économiques que sont Madrid et Milan.
Au total, l’ensemble des plans de secours de l’Union européenne et ses États membres atteint le montant record de 2 770 milliards d’euros.
Un nouveau budget européen beaucoup plus massif pour la relance européenne
Enfin, lors de la conférence de presse du 2 avril, la présidente von der Leyen a annoncé un “plan Marshall” pour l’après-crise sanitaire. Et comme demandé par le président français Emmanuel Macron, la Commission européenne s’apprête à mobiliser fortement son budget européen pour reconstruire l’économie européenne.
D’ici quelques semaines la Commission européenne va avancer une nouvelle proposition de budget pour les années 2021-2027. La proposition actuelle présentée en 2018 est toujours à 1 000 milliards d’euro sur 7 ans. Soit 1% du PIB, de la richesse produite en Europe. On peut donc s’attendre à une proposition beaucoup plus ambitieuse que par exemple les 1,30% demandés par le Parlement européen. Car, en citant le plan Marshall et au vu des moyens déjà engagés, la Commission va certainement présenter prochainement des moyens très importants pour relancer l’économie européenne.
Le plan Marshall des années 50 avait vu des investissements américains importants notamment dans la promotion de la consommation de masse en Europe. On peut espérer que ce plan de relance européen ciblera à long terme les secteurs clés de la culture européenne en donnant plus de moyens à ses programmes culturels d’intégration et de diffusion de la culture européenne et en inventant de nouveaux programmes culturels.
L’Union européenne, quoi qu’on en dise, répond donc à la crise de façon plus que satisfaisante et responsable.
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